La commission de la réforme administrative et de la lutte contre la corruption à l’Assemblée nationale constituante (ANC) a auditionné, vendredi, le président-directeur général (PDG) de la compagnie nationale aérienne Tunisair et plusieurs cadres de la compagnie sur les dossiers de la corruption dans la société et leur impact.
Il a également été question des stratégies que le transporteur national compte adopter pour surmonter les difficultés auxquelles Tunisiar fait face, notamment en termes de déficit financier, de baisse du rendement et de manque d’équipements.
Abderraouf Ayadi, constituant et vice-président de la commission ainsi que le rapporteur de cette dernière, Néjib Mrad, ont posé des questions sur les stratégies de la société en matière de lutte contre la corruption et sa capacité à surmonter les difficultés financières.
Pour sa part, la constituante Hajer Aziez s’est interrogée sur les causes à l’origine des pertes successives que Tunisair connaît, alors que l’élu Ali Houiji a demandé des éclaircissements sur la durée du programme de la réforme, les recrutements et les promotions accordées aux fonctionnaires.
Le PDG de Tunisair, Rabah Jrad, a précisé que le transporteur national a enregistré, en 2012, des pertes financières de l’ordre de 125 millions de dinars, contre 134 millions de dinars en 2011. Il a ajouté que les dettes de la compagnie sont en hausse pour atteindre 157 millions de dinars et sa flotte nécessite un renouvellement moyennant l’acquisition de nouveaux avions. La flotte de la société, a-t-il ajouté, est confrontée à des difficultés financières pour le règlement des prix des pièces de rechange et du carburant.
Selon le PDG de Tunisair, ces difficultés sont dues, principalement, à la mauvaise gestion et la corruption dont a souffert la société pendant l’ancien régime. Le PDG de Tunisair a précisé que cette corruption consistait en l’accroissement des dépenses des voyages de la présidence de la République, les cadeaux, les recrutements anarchiques, les avantages accordés aux responsables, notamment ceux proches de la famille du président déchu, faisant remarquer que ces dossiers ont été déjà soumis à la justice.
Ces difficultés sont également imputées à la situation économique et politique qui prévaut dans le pays, a-t-il ajouté. S’agissant des mesures prises pour contrecarrer le déficit financier et les dettes de la société, Jrad a indiqué que deux avions présidentiels ont été mis à la vente, sauf que l’opération de cession n’a pas encore eu lieu en dépit des promesses d’achat présentées par des clients étrangers.
De même, les recrutements au sein de la compagnie ont été gelés pour les années 2013 et 2014. Il s’agit également de réduire le programme des nouvelles acquisitions d’avions et de mettre en place une stratégie commerciale basée sur l’ouverture de nouvelles lignes et l’amélioration des services, tout en encourageant la rationalisation des dépenses, notamment au plan des salaires. Jrad a souligné que Tunisair œuvre à annuler quelques lignes et à en ouvrir d’autres, tel qu’il en est le cas avec la Libye. A cet égard, les voyages vers la Libye vont passer de 60 voyages par semaine à 80 voyages hebdomadaires.
Cette mesure, a-t-il précisé, sera concrétisée lors de la visite qu’une délégation de la compagnie et du ministère du transport effectuera à Tripoli samedi et dimanche. Et d’ajouter que la direction de l’audit et de l’inspection au sein de Tunisair ainsi que ses bureaux à l’extérieur ont été renforcés, ce qui va consolider la bonne gestion du budget de la société et ses compétences, notamment après avoir fixé des critères objectifs pour les nouveaux recrutements et limité les avantages octroyés.
Des responsables dans l’administration de la société ont souligné, au cours de cette séance, que plusieurs représentants de Tunisiar, à l’étranger, ont été remplacés et sanctionnés pour causes de mauvaise gestion et erreurs professionnelles.