Le ministère des Affaires étrangères a dénoncé, vendredi, les déclarations des autorités seychelloises à propos du permis de séjour d’un an accordé à Sakhr El-Materi, en raison, selon elles, de l’absence de garanties en Tunisie d’un « procès libre et équitable s’il devait y être renvoyé».
Les autorités seychelloises avaient annoncé mardi 16 avril leur décision d’accorder à Sakhr El-Materi, gendre du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, et à sa famille, un permis de résidence de 12 mois aux Seychelles.
« Le gouvernement des Seychelles n’est pas convaincu que les conditions existent en Tunisie à l’heure actuelle pour que M. El-Materi bénéficie d’un procès libre et équitable s’il devait y être renvoyé pour répondre des accusations formulées contre lui », lit-on dans un communiqué du Service de l’immigration du ministère seychellois de l’Intérieur.
Dans un communiqué rendu public aujourd’hui, le ministère des Affaires étrangères a déploré ces déclarations qu’il qualifie « d’inacceptables », appelant les autorités seychelloises à « revoir cette décision et à honorer leurs engagements conformément aux lois internationales et à répondre à la demande officielle de la Tunisie d’extrader Sakhr El-Materi ».
« Après la révolution, la Tunisie a consacré le principe de séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice. Elle a veillé au respect des lois internationales et des législations intérieures ainsi qu’à la garantie des conditions élémentaires pour des procès équitables et transparents », lit-on dans le communiqué du ministère. Le ministère des Affaires étrangères affirme aussi la détermination de la Tunisie « à ne ménager aucun effort pour activer les commissions rogatoires et les mandats d’arrêt internationaux émis contre ceux qui sont impliqués avec l’ancien régime et leurs proches dans des crimes et des affaires d’escroquerie».
Dans une déclaration à l’agence TAP, le responsable du bureau de l’information au ministère de la Justice a rappelé que la Tunisie avait émis une « notice rouge Interpol » pour obtenir le retour de Sakhr El-Materi et d’autres personnes en vue de leur jugement. Ayant eu vent que lors de son séjour aux Seychelles, au mois de décembre 2012, Sakhr El Materi, avait été entendu par les autorités de l’archipel pour possession d’un passeport diplomatique périmé, le ministère de la Justice avait demandé son extradition par voie diplomatique, rappelle-t-on de même source.
En février dernier, le ministère des Affaires étrangères des Seychelles avait annoncé « qu’une demande d’asile a été déposée auprès du ministère de l’Intérieur, par un ressortissant tunisien au nom de Sakhr El-Materi, qui se trouve actuellement aux Seychelles ».
Le ministère des Affaires étrangères seychellois avait expliqué alors qu’une « décision sera prise après examen de la requête en question ».
Sakhr El-Matri avait déposé sa demande d’asile lors de son retour aux Seychelles au mois de janvier 2013. Selon les autorités seychelloises, l’autorisation de résidence de 12 mois aux Seychelles n’est pas accordée à Sakhr El-Materi au titre de l’« asile politique », statut qui n’est pas défini par le droit de l’archipel de l’océan indien, mais conformément aux « lois et conventions internationales sur la protection des droits de l’homme ».
Accusé d’être impliqué dans plusieurs affaires d’escroquerie et de détournement de fonds publics, Sakhr El- Matri fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par la Tunisie. Réfugié au Qatar après la révolution du 14 janvier 2011, il avait été invité à quitter ce pays en septembre 2012.