Les décisions de justice rendues à l’encontre de cinq personnes pour “outrage public à la pudeur” après avoir fumé une cigarette ou mangé dans un espace public durant le mois de Ramadan, constituent une franche violation des libertés individuelles en Tunisie, déplore Amnesty International dans un communiqué.
Pour la directrice de recherches sur l’Afrique du nord au bureau régional de l’organisation Hiba Morayef, l’arrestation et l’emprisonnement d’une personne pour avoir fumé ou mangé constitue une violation “absurde” des libertés individuelles. Elle a fait remarquer que la non observance des rites et coutumes religieux et sociaux ne constitue pas un crime.
La responsable a ajouté qu’aucune loi n’interdit de boire ou de manger en Tunisie, rappelant que le droit international et la constitution de 2014 garantissent la liberté d’opinion et de conscience ainsi que la liberté religieuse. Elle a relevé, dans ce sens, que l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques garantit le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion et implique, de ce fait, la liberté d’avoir ou d’adopter une religion ou une conviction de son choix ainsi que la liberté de n’adopter aucune religion et de ne pratiquer aucun rite religieux.
Au cours des derniers jours, le Tribunal de première instance de Bizerte a condamné à un mois de prison cinq personnes pour avoir mangé en public durant Ramadan. Cette condamnation a suscité une vague d’indignation auprès de citoyens et de membres de la société civile.
Durant le week end, plusieurs personnes ont manifesté à Tunis, pour réclamer le droit de manger et de boire durant ramadan et en protestation contre les décisions rendues par le Tribunal de Bizerte.