“La technique appliquée dans l’exploration et l’extraction du gaz de schiste, nécessite la mobilisation de volumes considérables de ressources en eau, puisque chaque gisement peut compter jusqu’à 700 puits et chaque puit nécessite entre 10 et 15 mille m3 d’eau”, a souligné l’ancien ministre de l’environnement, Mamia El Banna (gouvernement Jebali).
Intervenant dans une table ronde sur les risques engendrés par l’exploitation de gaz de schiste en Tunisie, organisée samedi, par la Fondation Temimi, Mme El Banna a attiré l’attention sur les dangers découlant de l’extraction du gaz de schiste qui nécessite l’usage de milliers d’additifs chimiques, dont certains sont toxiques, qui sont utilisés en grandes quantités, allant jusqu’à plus de 100 tonnes par gisement, ce qui engendrera des répercussions négatives sur l’environnement.
Passant en revue l’affaire de la société anglo-hollandaise, “Shell” qui a présenté, depuis 2011, une demande pour l’exploitation du permis de Kairouan pour l’exploration de l’huile de schiste, elle a rappelé que le ministère de l’environnement, de l’époque, avait demandé la réalisation d’une étude d’évaluation et la formation d’une commission d’experts tunisiens pour suivre le dossier du gaz de schiste, « mais rien n’a été fait jusqu’à ce jour ».
« S’il est vrai que la Tunisie s’est lancée dans la phase d’évaluation des ressources du pays en gaz de schiste, comme l’a déjà confirmé le chef de gouvernement provisoire, Mehdi Jomaa, en vue d’une éventuelle exploration de ces ressources non conventionnelles, il est indispensable d’élaborer un cadre réglementaire adéquat afin de garantir la protection des ressources environnementales du pays », a-t-elle recommandé.
Abondant dans ce sens, Mme Faouzia Bacha Amdouni, avocate auprès de la Cour de Cassation, a souligné que l’actuel code des hydrocarbures ne peut pas être appliqué pour les ressources non conventionnelles, car il ne garantit pas la protection de l’environnement, et des ressources naturelles du pays.
Elle a appelé à concevoir un nouveau texte réglementaire adapté à la particularité et aux risques que présente l’exploration du gaz de schiste, d’une part, et à la géologie de la Tunisie d’autre part.
M. Mohamed Ghazi Ben Jemia, docteur en géologie, a appelé à la réalisation d’une étude de faisabilité économique pour vérifier si cette démarche sera profitable ou non à la Tunisie. Il a souligné, aussi, qu’il faut interdir l’usage de la nappe phréatique pour les opérations d’extraction du gaz de schiste, notamment dans les régions du sud, où les quantités d’eau sont très limitées et trouver une nouvelle technique d’extraction.