Les Jeux Méditerranéens s’apprêtent à réunir du 20 au 30 juin à Mersin en Turquie, comme tous les quatre ans, les différents peuples du nord et du sud du bassin méditerranéen, dans un élan d’amitié, de fraternité et de fair-play, à l’occasion de la 17e édition, un espace de compétitions sportives souvent dominé par les pays de la rive nord.
Les Jeux Méditerranéens ont été lancés dans les années cinquante, inspirés par le mouvement olympique et ses nobles idéaux dans la propagation de la paix et de la solidarité entre les peuples du bassin pour devenir une tradition sportive bien établie.
L’histoire des JM commence en 1951. Ils ont été créés sur une initiative de Mohamed Taher Bacha, un Egyptien spécialiste de sciences politiques et qui ambitionnait de créer une manifestation sportive visant à instaurer la paix à une époque marquée par les tensions et les conflits entre les différentes puissances mondiales.
L’initiative intervenait après les JO de Londres 1950, les Comités Nationaux Olympiques de la Méditerranée ont suggéré l’idée de célébrer les jeux qui visent à rapprocher les différentes cultures des pays du bassin.
Les JM ont vu le jour à Alexandrie en Egypte avec l’organisation de la première édition, du 15 au 20 octobre 1951, avec la participation de 10 pays dans 13 disciplines. L’Italie remportait cette première édition en terminant à la première place au tableau des médailles (62 médailles: 28 en or, 22 en argent, 12 en bronze).
La deuxième édition a été accueillie par Barcelone en 1955 dans la province de Catalogne, et a enregistré la participation de neuf pays. La France terminait alors à la première place avec 99 médailles (39 or, 29 argent et 31 bronze), devant l’Italie et l’Espagne.
Après l’Afrique et l’Europe, les JM prenaient la direction du Moyen-Orient où ils étaient accueillis par Beyrouth en 1959 avec la participation de 31 pays dont la Tunisie qui s’engageait pour la première fois. Elle se classait à la 9e place avec 3 médailles d’or, deux d’argent et une de bronze. Le titre revenait à la France avec 69 médailles.
Au tournoi de Naples 1963, la Tunisie a brillé avec les performances de l’athlète Mohamed Gammoudi qui a remporté les médailles d’or du 5000 m et du 10.000 m. Les pays du Nord de la Méditerranée s’imposaient de nouveau avec un nouveau sacre de l’Italie auteur de 32 médailles d’or, devant la Turquie et la France.
La Tunisie accueillait en 1967 la 5e édition, devenant le premier pays maghrebin à organiser les JM. Un total de 1249 athlètes, représentant 21 pays, ont pris part à cette édition en 14 disciplines disputées notamment à la cité sportive d’El Menzah, édifiée spécialement pour ce grand évènement sportif. Gammoudi rééditait ses exploits de Naples sur 5000m et 11.000 m ce qui lui valut d’entrer dans les annales des jeux pour être le deuxième athlète à remporter deux médailles d’or en deux éditions de suite après le Français Alain Mimoun, auteur de la double performance dans les deux mêmes épreuves.
Cette édition était marquée aussi par la première participation des athlètes féminines tunisiennes, comme Baya Bouabdallah (poids) et Jamila Ben Yedder (javelot) qui remportaient chacune une médaille d’or. La Tunisie terminait sa participation à la 6e place avec 25 médailles d’or (5 en or, 9 en argent et 11 de bronze).
Le tournoi d’Izmir 1971 a vu les Italiens s’illustrer de nouveau en dominant la plupart des épreuves et raflant 118 médailles (15 or, 38 argent et 29 bronze). La Tunisie se contentait de la 8e place (7 or, 6 d’argent et 2 de bronze).
L’Algérie devenait en 1975 le deuxième pays maghrebin à abriter les JM qui ont réuni cette année-là 2444 athlètes représentant 51 pays. Le nageur tunisien Ali Gharbi a accompli l’exploit en remportant le 400 m nl devant le Français Lazzaro alors que l’athlète Abdelkader Zaddam a remporté la médaille d’or du 10.000 m. De son coté, l’Algérie a terminé ses jeux en beauté en remportant la médaille d’or du tournoi de football devant la France.
L’édition de Split (ex-Yougoslavie) 1979 enregistre pour la première fois l’extension des disciplines sportives portées désormais à 25 réparties pour la première fois sur huit villes. Le bilan de la Tunisie fut de 12 médailles, dont une seule en or remportée par le boxeur Lotfi Belkhir, 2 argent et 9 bronze, tandis que le pays organisateur s’est offert la première place avec 127 médailles dont 56 en or.
Contrairement aux précédentes éditions, celle de 1983 s’est éloignée du bassin méditerranéen en élisant domicile, pour la première fois, à Casablanca sur la côte altlantique. Le contrôle anti-dopage faisait son entrée touchant le cyclisme, l’hathérophilie et l’athlétisme.
La star des JM était sans conteste le Marocain Said Aouita qui a dominé le 8000 m et le 1500 m. Sa compatriote Nawal Al- Moutawakel a marqué de son côté l’athlétisme féminin en s’imposant dans l’épreuve du 400 m haies. La boxe tunisienne a également renoué avec les succès après les médailles d’or décrochées par Khemaies Refai, Lotfi Belkhir, Noureddine Boughanmi et Raouf Harbi.
L’édition de Lattaquié 1987 en Syrie qui a enregistré la participation pour la première fois de l’Albanie et de Saint Marin, est venue confirmer l’hégémonie marocaine sur l’athlétisme grâce à six médailles d’or décrochées par les athlètes marocacains dont 2 pour Aouita et 1 pour Al- Moutawakel, alors que l’Italie a dominé les Jeux avec 51 médailles. Pour sa part, la Tunisie s’est contentée de la 12e place avec deux médailles d’or remportées par le boxeur Raouf Harbi et l’athlète Fathi Baccouche au 10.000m, en plus de quatre médailles d’argent et cinq de bronze.
En 1991, Athènes a accueilli la 11e édition qui fut marquée par la performance des haltérophiles turcs comme Suleymenoglu, du gymnaste italien Chechi surnommé le “seigneur des anneaux” pour avoir enlevé à lui seul 6 médailles d’or, outre l’exploit de l’athlète algérienne Hassiba Boulmerka sur 800m et 1500 m. L’Italie a terminé en tête du tableau des médailles devant la France et la Turquie tandis que la Tunisie a enregistré la plus faible moisson de son histoire avec seulement 1 médaille d’or et 5 argent. La France abrite les jeux de 1993, dans la province du Languedoc-Roussillon, où elle a dominé les différentes compétitions avec une moisson de 195 médailles dont 84 or, devant l’Italie (38 or) et la Turquie (34 or). Le bilan de la participation tunisienne fut aussi faible que la précédente édition avec une seule médaille d’or obtenue par Lakhdhar Doula au Karaté, une médaille d’argent et 8 bronze.
L’Italie va ensuite dominer la 13e édition des Jeux Méditerranéens qui se dérouleront sur son territoire, à Bari, en raflant 197 médailles devant la France (149) et la Turquie (65). La boxe tunisienne s’était particulièrement distinguée lors de cette édition grâce à la médaille d’or de Mohamed Maamouri (71 kg), et à l’argent de Mohamed Ali Ben Naceur et Hassen Jelassi. La pétantque a également valu à la Tunisie sa deuxième médaille d’or grâce à Tarek Lakhal et Khaled Laakili. L’édition de Tunis-2001 qui a coincidé avec le cinquantenaire des jeux, a été marquée par la participation record de 1403 sportifs représentant 32 pays et concourrant dans 42 disciplines.
La moisson tunisienne fut également inégalée avec un total de 56 médailles (17 or, 13 argent et 26 bronze), et une 6e place derrière respectivement la France, l’Italie, l’Espagne, la Turquie et la Grèce. L’édition d’Alméria en 2005 viendra confirmer l’essor du sport tunisien avec une moisson de 35 médailles (13 or, 7 argent et 15 bronze) qui place la Tunisie à la 7e position du classement général dominé par L’Italie, la France et l’Espagne.
A Pescara en 2009, la Tunisie engagée alors dans 17 sports, a fait mieux que l’édition précédente en totalisant 37 médailles et occupant la 6e place (13 or, 11 argent et 13 bronze). Le trio Italie-France-Espagne occupant toujours le podium des jeux. Au terme de l’édition en Turquie, la ville de Mersin passera le temoin à la ville espagnole de Tarragone qui abritera la 18e édition prévue en 2017.