Pas loin du théâtre Municipal de Tunis, qui avait abrité la plupart des éditions précédentes des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC), depuis leur création en 1966, la 27ème édition des JCC, qui fêtent leur 50ème anniversaire, a été ouverte vendredi-soir au Palais des Congrès.
Un grand dispositif sécuritaire installé sur l’avenue Mohamed V à la Capitale, sur tout le périmètre qui entourait le lieu de la cérémonie, située juste en parallèle avec la rue où avait eu lieu l’attentat terroriste perpétré, contre un bus des gardes de la présidence, en milieu de la semaine des JCC 2015.
Déjà près de 18h30 et les artistes, cinéastes et invités du festival continuent de défiler sur le tapis rouge, le fameux rituel du red carpet auquel les JCC ont depuis certains temps commencé à s’y adapter, pourtant connu comme un festival militant, loin des paillettes et l’ambiance people de festivals de cinéma comme celui de Cannes ou Dubaï.
Ce 27ème festival, qui se poursuivra jusqu’au 05 novembre, a été marqué par une série d’hommages et une pause musicale avec l’algérien Kaddour Hdadi et le Tunisien Zoheir Gouga qui ont interprété une chanson sur les réfugiés (Im a refugie).
Le Duo a chanté en français et anglais, cette chanson, dont les paroles “enfant qui court entre les flammes, sous les bruits sourds les cris d’alarme, adieu bonheur, douceur tranquille “, décrit la terreur à laquelle sont exposés les enfants sur les terres des conflits et des guerres.
Brahim Letaief: “Vous êtes tous les attractions des JCC 2016
Pour les retardataires qui arrivent à peine à se procurer une place au milieu de la salle, Brahim Letaief directeur des JCC pour la seconde année consécutive se lançait dans la lecture de son intervention en Français après l’avoir lue en arabe. Letaief salut “la grande famille du cinéma, professionnels, producteurs, amateurs du cinéma, critiques et observateurs de tout bord”.
Il enchaîne en disant “la grande caravane du cinéma avance, tant bien que mal dans un univers chaotique…..” mais qui “tente de rester -cette caravane-, une tête de pont des énergies créatives, émancipées libres et brillantes”.
Pour cette édition anniversaire, il déclare avoir “travaillé afin que cette édition encourage les talents, construise les passerelles entre le monde arabe et l’Afrique, les producteurs et les créateurs, l’aspiration future et la réhabilitation de la mémoire”.
“Et comme c’est important cette mémoire, notre mémoire cinématographique!”, ajoute le cinéaste et directeur des JCC avant de s’adresser aux invités, “vous êtes tous les attractions des JCC 2016 qui espèrent marquer et qui comptent créer un chemin particulier, autonome, participatif..”.
Hommages aux grands pionniers du cinéma
Des hommages ont été rendus à des cinéastes et hommes du cinéma arabe et africain vivant. L’Egyptien Jamil Rateb, le Tunisien Farid Boughdir auquel est attribué le prix du cinquantenaire mais aussi à Kalthoum Bornaz, pionnières des femmes cinéastes en Tunisie, l’Egyptien Youssef Chahine, le Sénégalais Djibril Diop Mambet, le Burkinabé Idrissa Ouedraogo et l’Iranien Abbas Kiarostami.
La cérémonie est marquée par la présence du jury international des quatre sections de la compétition officielle respectivement présidées par le Mauritanien Abderrahmène Sissako (Longs-métrages), le Tunisien Sofian al Fani (prix Tahar Cheriaa) et la Burkinabée N’Diaye Maimouna pour la section des courts-métrages et celle de Carthage ciné-promesse.
Abderrahmène Cissako, président du jury s’est déclaré “très heureux en tant qu’africain d’être présent pour célébrer ensemble les 50ème anniversaire de ce magnifique festival”. Pour cet habitué des JCC, “être aujourd’hui à Tunis, n’est pas seulement un travail de cinéphile mais plutôt de citoyen, parce que la Tunisie est un pays magnifique”.
Pour lui, les JCC représentent “un festival qui fête l’Afrique” et qui n’est pas uniquement une compétition de films, mais simplement un moment “pour partager le combat, la vision, de jeunes femmes et de jeunes hommes, ceux qui vont construire le monde de demain. Durant huit jours, ils vont nous montrer l’importance de se dresser pour défendre la culture, pour défendre la liberté”, ajoute Cissako.
La cérémonie d’ouverture à pris fin, cédant la place à la projection, en avant-première, du film “Fleur d’Alep” de Ridha el Behi, une fiction sur les conflits dans le monde arabe et l’attraction vers l’obscurantisme. Juste avant la projection, toute l’équipe du film était invitée sur scène, notamment l’actrice tunisienne, installée en Egypte Hend Sabri au rôle principal, également coproductrice du film comme l’a annoncé le réalisateur.