“Nous sommes tous les artisans du futur et appelés à sortir de l’attentisme pour gagner le pari du futur”, tel est le message adressé par le président du gouvernement provisoire Mehdi Jomâa, lors de la présentation de la déclaration du gouvernement sur les projets du budget de l’Etat et de la loi de finances pour l’exercice 2015.
Il a ajouté, mercredi, au palais du Bardo, devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et en présence des membres du gouvernement, que l’étape prochaine sera celle de la transition économique. Cela exige, a-t-il dit, l’accélération du rythme des réformes structurelles en cours, appelant également a préserver les catégories moyenne et démunie ainsi que la compétitivité des entreprises économiques. Mettant l’accent sur les opportunités de croissance dans le pays, il a appelé à la nécessité d’assumer la responsabilité, d’œuvrer à appliquer la loi et à respecter les principes, outre le retour au travail et à l’investissement.
Et de poursuivre : « la Tunisie a la possibilité de réussir grâce à son expérience et la confiance dont elle jouit dans le monde, des atouts qui peuvent faire du pays un centre de rayonnement régional unique ». Le président du gouvernement provisoire a rappelé, à cette occasion, que la situation économique nationale, régionale et internationale, au cours de laquelle le projet de loi de finances 2015 a été élaboré, reste délicate.
L’élaboration du projet de loi de finances 2015 a été basée sur des hypothèses étudiées, un taux de croissance estimé à 3% et des prévisions de croissance des taux de change et des prix de pétrole pour 2015, a-t-il encore indiqué.
Jomâa a fait remarquer que le même projet repose sur des estimations réalistes quant à l’évolution des revenus de l’Etat, tout en veillant à ne pas introduire de nouvelles dispositions fiscales pour l’année 2015 et à rationaliser davantage les dépenses, notamment celles destinées à la subvention et la rémunération.
Il devait ajouter qu’il a été procédé à l’adoption d’un taux de déficit budgétaire aux alentours de 5% pour l’exercice 2015, tout en maintenant la situation de la liquidité et la capacité de la Tunisie à tenir ses engagements financiers. Il a, dans le même sens, mis l’accent sur la diminution des dépenses de subvention à deux milliards de dinars, en 2014, avec un taux d’inflation ramené à moins de 5,2% après avoir frôlé les 6%, et un taux de croissance fixé à 2,5%.
Le président du gouvernement devait rappeler que son département s’est employé, depuis mars 2014, à cerner les traits caractéristiques de la crise économique, dont notamment le faible sinon l’instabilité du taux de croissance, avec la diminution du taux d’investissement, la détérioration de la productivité, l’augmentation du taux de chômage mais aussi l’envolée des prix, pour ce qui est de la consommation des familles.
La situation économique se caractérise également, selon Jomâa, par la dégradation flagrante des équilibres financiers et l’amplification du déficit commercial à cause de la montée en flèche des importations contre la régression des exportations, outre la détérioration du prix de change du dinar, la baisse du rendement des entreprises publiques et l’abaissement de la notation souveraine de la Tunisie.
Jomâa a réitéré la volonté du gouvernement de sortir de cette situation par l’adoption de projets de réformes financière et économique, en se basant sur une approche à même de contribuer à la transition économique à moyen et long termes, tout en préservant et en renforçant les acquis sociaux dans le cadre d’une approche consensuelle. Le gouvernement provisoire s’est également attelé à améliorer l’image de la Tunisie à l’intérieur et à l’extérieur du pays ainsi qu’auprès des bailleurs de fonds internationaux, a souligné le chef du gouvernement provisoire, ajoutant que l’adoption d’une diplomatie financière active a permis à la Tunisie de booster une coopération basée sur le respect réciproque et l’intérêt commun.
Il a indiqué que le gouvernement a, en outre, réussi à parachever les textes juridiques et réglementaires dans les domaines de l’investissement et du partenariat public/privé, (PPP), outre la mise en place d’une stratégie claire pour le secteur bancaire afin de lui permettre de retrouver sa dynamique, de gérer les actifs et de renforcer les mécanismes de financement des PME.
S’agissant de la restructuration et de la réforme des banques publiques, Jomâa a annoncé la fin de l’opération d’audit et le démarrage du processus de structuration à travers le développement des systèmes de gouvernance, informatique et de gestion de ressources humaines. Intervenant au début de la plénière, le président de l’ARP Mohamed Ennaceur a rappelé la situation délicate que la Tunisie vit aujourd’hui et se caratérisant, selon ses dires, par plusieurs indicateurs négatifs, rappelant l’impact de la situation régionale sur la sécurité du pays, notamment celle qui prévaut en Libye.
Il a indiqué que la situation dans le pays nécessite des réformes structurelles partielles et un plan visant à garantir la reprise économique et la prospérité sociale. Ennaceur a encore souligné que la discussion du projet de loi de finances et du budget de l’Etat pour 2015, est intervenue dans une conjoncture économique, d’autant que les députés n’ont pu avoir le temps d’approfondir l’examen de ce projet au sein des commissions spécialisées, dont les membres n’ont pas encore été élus.
La commission provisoire des finances a été chargée d’examiner le projet afin de respecter les délais constitutionnels, a précisé Ennaceur. Il a, dans ce cadre, estimé que les projets de lois qui seront adoptés doivent constituer la locomotive de la prospérité et la justice sociales ainsi que de la croissance économique qui ne manquera pas d’attirer davantage d’investissements et d’accélérer le rythme de croissance et de création d’emplois.