L’association “SOS BIAA” (environnement) a tiré, mercredi, la sonnette d’alarme sur les dangers qui menacent l’environnement en Tunisie et appelé le prochain gouvernement à élaborer de nouvelles stratégies claires et efficaces visant à réduire les impacts sanitaires et écologiques des déchets et des eaux usées.
“En l’absence d’une politique claire et efficace en matière de gestion des déchets et des eaux usées, la situation environnementale sera encore plus grave en 2015 et dans les prochaines années”, a déclaré Morched Garbouj, président de SOS BIAA, lors d’une conférence sur “les enjeux environnementaux en Tunisie”.
D’après ses dires, la résolution des problèmes environnementaux nécessite principalement “une volonté politique, beaucoup de temps et des investissements lourds de plusieurs centaines de millions de dinars”.
Les nouvelles stratégies dans le domaine de l’environnement doivent s’orienter vers la réduction des déchets, le recyclage et la valorisation pour être plus efficaces, a recommandé Garbouj.
Il a cité, à cette occasion, parmi les points noirs en Tunisie, le golfe de Gabès, le bassin minier à Gafsa, l’usine de pate et papier à Kasserine, le groupe chimique à Sfax, le Golfe de Monastir, la décharge de Guellalla, la décharge de Borj Chakir (la seule décharge du Grand Tunis) et le Golfe de Tunis qui est fortement pollué par les eaux usées domestiques et industriels du grand Tunis.
Garbouj a, en outre, signalé l’absence d’un cadre législatif pouvant obliger les industriels à respecter les normes en vigueur en matière d’environnement.
Pour sa part, Karim Abdelwahed, président de l’association tunisienne pour la promotion de la santé a souligné que les impacts sanitaires des déchets et des eaux usées ne cessent d’augmenter de jour ne jour.
Il a évoqué, dans ce contexte, plus de 130 cas d’hépatite A dans la région d’El Hamma à Gabès, des cas de rage à Nabeul et Grombalia et des cas de gale dans certaines écoles et garderies outre la propagation des maladies respiratoires et dermatologiques.
M. Abdelwahed a souligné l’importance de renforcer le contrôle des eaux buvables et usées appelant à l’organisation d’une grande campagne de sensibilisation à l’hygiène ciblant les élèves.
De son côté, Cyrine Khémiri, évaluatrice des études d’impact sur l’environnement à l’agence nationale de protection de l’environnement (ANPE) a souligné l’importance de l’étude d’impact qui détermine le choix du site de la décharge et les effets indésirables à moyen et long terme.
Elle a, par ailleurs, mis l’accent sur l’impératif d’appliquer la loi et de renforcer le contrôle et le suivi des décharges, des eaux usées et de la qualité de l’air, appelant toutes les parties intervenantes (ANPE, ANGED (Agence nationale de gestion des déchets), l’ONAS (office national de l’assainissement), à assumer, chacune son rôle, et son entière responsabilité.
Intervenant à cette conférence, Samir Meddeb, chargé des programmes environnementaux à Nidaa Tounes a souligné que parmi les principes fondamentaux de la politique environnementale de son parti, l’intégration de l’environnement dans les politiques de développement, la promotion de l’action environnementale de proximité et la responsabilisation du pollueur à travers l’application du principe pollueur/payeur.
“Il s’agit également de renforcer les capacités des acteurs qui agissent dans le domaine de l’environnement et de développement durable (publics, privés et société civile”, a-t-il ajouté. A noter que selon les organisateurs, différents partis politiques dont Ennahdha, le Front Populaire et l’Union Patriotique Libre (UPL) ont été invités à la conférence pour présenter leurs programmes environnementaux, mais ils n’ont pas assisté à la rencontre.
Organisée en partenariat avec la fondation Friederich Ebert Stiftung, la conférence a enregistré la participation de plusieurs représentants de la société civile et des spécialistes dans le domaine de l’environnement.