Mariem, la fille violée par les policiers, a accordé une interview au quotidien français « Le Journal du Dimanche » (JDD), à l’occasion de la sortie de son livre-témoignage, intitulé «Coupable d’avoir été violée» prévue pour le 25 avril prochain, en France.
La jeune femme, sous couvert de l’anonymat, a déclaré que sa famille ignore qu’elle fait l’objet d’une affaire de viol, dont le crime a suscité l’indignation des Tunisiens et qu’elle est trainée devant le tribunal non pas en tant que victime mais pour atteinte à la pudeur.
«Mon père n’est toujours pas au courant que la jeune femme violée, c’est sa fille, et mon frère non plus. Mon père est très malade et je crains pour lui s’il devait l’apprendre», a-t-elle dit.
Dans son livre-témoignage, Mariem a fait le récit de son viol, un cauchemar qui l’a entrainée au couloir de la mort. Elle aurait, selon ses dires, tenté de se suicider avec une larme de rasoir.
Elle a raconté l’horreur de la procédure judiciaire et les difficultés qu’elle a rencontrées pour déposer plainte et se faire entendre. Elle a menacé de se faire justice soi-même.
Je ne fais pas confiance à la justice. Je les (les policiers, ndlr) tuerai s’il le faut. Ces hommes m’ont tuée. Je prendrai ma revanche si on m’y oblige. Je ne vis plus depuis le jour des viols. Ma vie a été bouleversée du jour au lendemain, a-t-elle- déclaré.
«Je suis impatiente de venir en France, même si je suis très triste de devoir quitter mon pays, que j’adore, a-elle poursuivi.
Interrogée sur la situation des Tunisiennes, Mariem a répondu que les droits des femmes sont menacés depuis l’arrivée au pouvoir du parti islamiste Ennahdha. Et de préciser : «Les femmes y sont maltraitées, jugées en permanence… Elles ne se sentent plus en sécurité en Tunisie».
Il est à rappeler que les policiers vont comparaître devant un juge pour la première fois le 29 avril prochain. Deux risquent la peine de mort, le troisième vingt ans de prison.
Lire aussi:
Insolite : Un soutien-gorge, comme arme anti-viol
Tunisie : Viol et séquestration d’une jeune femme
Tunisie: Quand les enfants sont victimes de viol