Tunisie : Quand les enfants sont victimes de viol

Le viol, début, mars, d’une fillette de trois ans dans un jardin d’enfants à La Marsa, a permis, au delà de la large indignation qu’il a suscitée, de rouvrir un débat longtemps reporté et d’admettre, enfin, que ce type d’agression ciblant l’enfance tunisienne est loin d’être un cas rare et isolé. En début de semaine, une motion de censure a été mise au voix à l’Assemblée nationale constituante (ANC) contre la ministre des affaires de la femme et de la famille pour son « incapacité à proposer des solutions et des mesures efficaces pour protéger l’enfance ».

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Dans le texte la motion, les Constituants critiquent, notamment, l’atermoiement de la ministre à engager des actions fermes contre la prolifération des jardins d’enfants sauvages.

La motion a rassemblé 78 signatures, soit plus que le nombre de voix requis pour la tenue, dans deux semaines, d’une séance plénière pour auditionner la ministre de la femme. Pour rappel, les élus de l’ANC avaient en janvier 2013 attiré l’attention de la ministre sur les abus sexuels et les viols de garçons dans certains centres intégrés dont celui de Sidi Thabet.
La présidente de la chambre nationale des crèches et jardins d’enfant, Nebiha Kammoun Tlili qui a appelé en début de semaine à un congrès national sur le secteur de l’enfance impliquant ministères concernés, associations et syndicats, insiste sur l’importance de briser le mur de silence sur la maltraitance et le viol des enfants. Elle a exprimé le souhait de voir les mesures annoncées par le ministère au lendemain du viol de la fillette, se concrétiser.

Parmi ces mesures figurent, notamment, la création d’une instance indépendante de protection des droits de l’enfant et la promulgation d’une loi de protection de l’enfant victime de maltraitance et d’abus sexuel. Le ministère a décidé, également, de renforcer les institutions de l’enfance en cadres pédagogiques et d’inspection en plus du recrutement de 7 nouveaux délégués de protection de l’enfance.

Aussi, Mehyar Hamadi a-t-il assuré à la TAP que le ministère compte adopter les recommandations émises de la consultation nationale sur l’enfance (2012) qui proposent de remplacer le cahier des charges par une autorisation pour la création de jardins d’enfants.

Selon des statistiques du ministère des affaires de la femme et de la famille de 2012, le taux des enfants victimes de violence sexuelle pris en charge par les délégués de protection de l’enfance s’élève à 4,4pc, contre 32,7pc pour les victimes de violence physique et 45,8 pc pour les victimes de maltraitance.

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