L’organisation Amnesty International a estimé, mercredi, que “les tribunaux militaires ciblent de plus en plus les civils, dans certains cas au motif qu’ils critiquent publiquement le président Kaïs Saïed depuis qu’il s’est arrogé des pouvoirs très étendus le 25 juillet”, en allusion aux mesures exceptionnelles de suspendre l’activité du parlement et lever l’immunité des députés.
Dans une déclaration postée sur son site web, l’organisation a indiqué qu’au cours des trois derniers mois, la justice militaire a mené des enquêtes ou engagé des poursuites pour diverses infractions dans au moins 10 affaires concernant des civils.
Elle a cité quatre cas dans lesquels des civils ont été traduits devant la justice militaire pour avoir critiqué le président de la République.
Il s’agit de l’animateur de télévision Amer Ayad, des députés Abdellatif Aloui et Yassine Ayari et du blogueur Slim Jebali, a précisé l’organisation.
“Les civils ne devraient jamais être jugés par des tribunaux militaires”, insiste l’organisation, regrettant que “le nombre de civils, en Tunisie, traduits devant la justice militaire augmente à un rythme inquiétant”.
Selon Amnesty International, le nombre de civils traduits devant les tibunaux militaires ces trois derniers mois a surpassé celui enregistré au courant des 10 dernières années réunies.
“Dans quatre affaires, des civils sont visés par une procédure judiciaire devant la justice militaire uniquement pour avoir exprimé pacifiquement des opinions critiques à l’égard du gouvernement”, déplore l’organisation.
“Alors que les Tunisiens débattent de l’avenir incertain de leur pays, il est d’autant plus crucial que les autorités protègent leur droit de le faire librement – même lorsque leurs propos sont considérés comme “insultants”- sans crainte de persécutions”, estime l’organisation.