“Il existe un trafic des dossiers médicaux des patients atteints de cancer”, a déclaré Raoudha Zarrouk, présidente de l’Association des malades du cancer de Tunisie (AMC), ajoutant que “ce trafic constitue désormais une source de revenu pour certaines parties”, au niveau des établissements sanitaires.
Dans une déclaration à la TAP en marge des travaux du douzième Forum annuel de l’AMC, sur le thème “Prise en charge du patient tunisien atteint de cancer”, Zarrouk a indiqué que “les dossiers des patients cancéreux constituent désormais une source de revenu pour certains”. Et d’ajouter: “Nous n’avons pas peur de dénoncer ces pratiques, dans le cas contraire, ne nous serons pas en mesure d’avancer”.
Elle a affirmé que'” la lutte contre le cancer en Tunisie demeure tributaire d’une bonne gouvernance au niveau du secteur de la santé, de l’existence d’un programme stratégique de lutte contre le cancer et du développement d’une base de données qui permet de dresser un état des lieux de cette maladie en Tunisie afin de l’endiguer.
“Il n’existe pas de justice sociale dans le secteur de la santé”, a estimé Zarrouk, prenant à témoin, “la souffrance subie par les patients appartenant à la catégorie sociale précaire pour décrocher un rendez-vous médical ou pour accéder à la médication”, a-e-t-elle déploré.
“Les patients cancéreux en Tunisie sont confrontés à une mort lente en raison des très longs délais d’attente pour les rendez-vous médicaux , le grand nombre des dossiers médicaux perdus et l’absence d’une véritable stratégie de lutte contre le cancer et des chiffres statistiques en la matière”, a poursuivi la présidente de l’association.
Elle a dans ce cadre souligné que l’association, fondée il y a 9 ans, reçoit en constance des plaintes faisant état de la longueur des délais d’obtention de rendez-vous de radiographie, “qui dure entre une année et une année et demi, outre la disparition de leurs dossiers médicaux”.
L’AMC a eu à traiter 3450 dossiers de patients cancéreux, 80% parmi eux sont des femmes atteintes du cancer du sein, 17% des hommes et 3% d’entre eux sont des enfants atteints de différents types da cancer.
Pour sa part, Mohamed Hedi Oueslati, directeur général de la santé au ministère de la Santé, a souligné l’augmentation de l’incidence du cancer en Tunisie, soulignant que la prévalence de cette maladie en Tunisie “reste inférieure à la moyenne mondiale”, a-t-il dit, sans avancer de chiffres sur ce plan.
S’agissant de la “disparition des dossiers médicaux des malades du cancer”, Oueslati a indiqué qu'”il se peut que cela existe en raison de l’encombrement, ajoutant que le cadre médical et paramédical ainsi que les pharmaciens font de leur mieux dans les limites des moyens disponibles “que nous travaillons d’ailleurs à développer”, a-t-il indiqué.
Le Forum s’est tenu en présence de responsables du ministère de la Santé, de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) et de médecins spécialistes.