Le président de la république, Beji Caid Essebsi, a affirmé que l’Union Générale des Travailleurs de Tunisie (UGTT) “ne décrétera pas la grève générale et trouvera une solution avec le gouvernement sur les augmentations des salaires”, soulignant que la “persistance du différend est nuisible au pays”.
“Mais je n’interviendrai pas pour trouver une issue au litige entre l’UGTT et le gouvernement, d’autant que les négociations se poursuivent et devraient aboutir à un compromis acceptable pour tous”, a-t-il ajouté dans une interview diffusée mardi soir par la chaine Al Hiwar Attounissi.
Interrogé sur le revirement du gouvernement sur “le document de Carthage”, notamment l’augmentation des salaires sur instructions du FMI, Beji Caid Essebsi a précisé que ce qui a été convenu avec le Fonds Monétaire International est un mémorandum et non une convention qui l’engage.
“Ce mémorandum n’a pas appelé à un gel des augmentations mais a fait observer qu’elles ne concordent pas avec le niveau de production et de productivité qui n’a pas progressé depuis 2011”, a-t-il fait valoir, estimant que le “FMI ne pourra pas nous accorder des prêts si nous ne prenons pas d’engagements”.
Au sujet du projet de loi de finances 2017 qui prévoit des mesures draconiennes, le chef de l’Etat a reconnu que le gouvernement n’a pas élargi les concertations, en raison de la pression des délais constitutionnels, estimant que son adoption “n’est pas une bizarrerie mais un moindre mal”.
Interrogé sur le manque de soutien politique au gouvernement Chahed, Beji Caid Essebsi a affirmé que le cabinet a obtenu la confiance du parlement avec 168 voix et devrait être appuyé par les partis qui ont voté en sa faveur, d’autant que “la situation détériorée dans le pays recommande à tous de le soutenir”.
“Plusieurs partis politiques souhaitent l’échec du gouvernement”, a-t-il déploré.
Au sujet des déclarations de l’ancien ministre des affaires religieuses Abdeljalil Ben Salem sur le Wahabisme qui lui ont coutées son poste, le chef de l’Etat a souligné qu’il faut “prendre en compte l’intérêt de la Tunisie”, rappelant que les “relations avec l’Arabie Saoudite ne sont pas nouvelles et qu’il importe d’éviter de porter de telles accusations”.
A propos de l’élection présidentielle américaine qui a porté Donald Trump à la Maison Blanche, le président de la république a souligné que les relations de la Tunisie avec les Etats-Unis remontent à 1779 et sont bonnes relations sous le pouvoir des républicains ou les démocrates. Il a rappelé à cet égard que les républicains ont demandé du président Barak Obama de relever le niveau de soutien de la Tunisie dans sa lutte contre le terrorisme.
“S’il y aura des changements ils seront en matière de politique intérieure et il faut faire preuve de circonspection sur un changement en politique extérieure d’une grande puissance comme les Etats-Unis”, a-t-il analysé.
Beji Caid Essebsi a rappelé que “la décision de la Tunisie est indépendante et celui qui veut aider la Tunisie ne doit pas s’attendre à la diriger à notre place”, soulignant qu’il “n’est pas nécessaire que je sois un ami de Trump mais il suffit que les relations entre les deux pays soient bonnes”.
Il a déploré d’autre part que “certaines parties rejettent les relations avec les USA sur une base idéologique”, affirmant que ce pays “aide la Tunisie dans sa guerre contre le terrorisme” et rappelant que “la sécurisation des frontières tuniso-libyenne par un système électronique se fait grâce à une aide américo-allemande”.
Le chef de l’Etat a démenti toutefois que les Etats Unis disposent d’une base militaire en Tunisie. “Les Américains ne veulent pas de base de ce type en Méditerranée car ils comptent sur leurs porte-avions et leurs navires de guerres”, a-t-il ajouté.
Beji Caid Essebis a justifié d’autre part la présence de 70 militaires us en Tunisie par une mission d’entraînement des forces de l’armée pour l’utilisation des drones “pour des missions de reconnaissance, avec l’accord de la Tunisie, pour préserver sa sécurité sur ses frontières dangereuses avec la Libye”.
“Ces appareils ne sont pas offensifs et leur usage se fait dans le cadre d’un accord bilatéral stipulant l’échange des informations et la mise à la disposition de la Tunisie des appareils après la fin de leur mission et la maîtrise des forces miliaires tunisiennes de leur utilisation”, a-t-il précisé.
Il a souligné que l’accord conclu pour l’utilisation de ces drones “a pour objectif de défendre la Tunisie d’une menace en provenance des frontières libyennes sans menacer aucun autre pays voisin, notamment l’Algérie frère”.