Le Quartet parrain du Dialogue national reçoit aujourd’hui lors d’une cérémonie officielle à Oslo (Norvège) le Nobel de la paix 2015. Un sacre qui récompense ses efforts au cours d’une période de crise et de conflits marquée par des assassinats politiques.
Plusieurs syndicalistes et militants des droits humains de Tunisie ainsi que des représentants des sociétés civiles française, belge et suisse se sont rendus dans la capitale norvégienne pour rendre hommage au Quartet et prendre part aux activités culturelles qui auront lieu parallèlement à la cérémonie officielle. Une exposition sur la Tunisie et une procession aux flambeaux sont prévues en cette journée historique pour la Tunisie.
La musique est également de la partie avec un concert de musique animée, dans la soirée, par l’artiste tunisienne Amel Mathlouthi. Le président de la commission Nobel remettra la distinction au quartet à l’hôtel de ville d’Oslo (City hall) en présence du roi du Norvège.
Quatre médailles d’or seront décernées aux organisations tunisiennes ( UGTT, UTICA, LTDH et l’Ordre national des avocats). Une cinquième médaille sera offerte par le quartet à l’Etat tunisien.
Les présidents des 4 organisations tunisiennes prononceront des allocutions à l’occasion.
Il est prévu qu’à la fin des festivités, le Quartet effectue une tournée dans plusieurs pays pour encourager les factions politiques qui vivent des conflits armées à faire prévaloir le dialogue pour parvenir à des solutions consensuelles. L’idée d’un dialogue national a germé en juin 2012 lorsque la commission administrative de l’UGTT a appelé les divers antagonistes à s’asseoir autour de la même table.
La première séance au eu lieu le 15 octobre de la même année en l’absence des partis Ennahdha et du Congrès pour la République qui composaient avec le parti Ettakatol, la coalition au pouvoir.
Le dialogue a été freiné après l’assassinat en février 2013 du leader de l’opposition, le martyr Chokri Belaid provoquant la démission du gouvernement Hammadi Jebali, la recrudescence des tensions politiques et le ralentissement du processus législatif.
Après ces évènements, Ennahdha a rejoint le Dialogue. Les séances n’ont commencé à avoir de la consistance qu’à la suite de l’assassinat du dirigeant Mohamed Brahmi.
Ce deuxième assassinat, survenu 6 mois après le premier a eu pour conséquences la suspension des travaux de l’Assemblée nationale constituante (ANC)et l’entrée de l’opposition au parlement dans un sit-in ouvert au Bardo.
Pour sortir de la crise, les différentes factions politiques se sont réunies à l’initiative des organisations nationales. La première séance s’est tenue en octobre 2013 suivie d’autres rencontres tenues parfois sur fond de tensions.
Un marathon couronné par le choix de Mehdi Jomaa, alors ministre de l’industrie, pour former une nouvelle équipe gouvernementale apolitique ( à la place du cabinet sortant d’Ali Larayedh) avec pour mission de conduire le pays vers des élections législatives et présidentielle.
Selon Bouali Mbarki secrétaire général adjoint de l’organisation ouvrière, il s’agit d’une période cruciale pour le Dialogue national, celle de choisir une personnalité consensuelle à la tête du nouveau gouvernement.
Une période marquée par le retrait du parti Al Jomhouri des négociations en raison de son attachement à la candidature de Ahmed Mestiri à ce poste.
Le dialogue a accompagné le processus constitutif. Les parties du dialogue ont oeuvré à surmonter les désaccords concernant l’élaboration de la Constitution et la promulgation du code électoral.
A ce propos Bouali Mbarki note que jusqu’à ce jour, plusieurs points de la feuille de route signée par les parties du Dialogue n’ont pas été concrétisés à l’instar de la justice sociale, le développement régional et la révélation de la vérité sur les deux assassinats politiques.
Il a appelé le gouvernement actuel à adopter un nouveau modèle de développement basée sur la discrimination positive des régions intérieures.
Un modèle qui répond le mieux aux besoins des régions démunies et favorise l’emploi des jeunes diplômés.
Les membres du Quartet ont été unanimes à déclarer à la presse internationale que la Tunisie se trouve encore face à des défis de taille, citant notamment, le danger du terrorisme qui menace la jeune expérience démocratique.
Ils ont souligné la nécessité de continuer à soutenir la Tunisie pour parachever son édifice démocratique, à appuyer son économie et à l’aider dans sa guerre contre le terrorisme. Le Quartet a déclaré qu’il dédie le prix Nobel de la paix au peuple tunisien et à ses martyrs.