Les professionnels du secteur touristique dans le gouvernorat de Tozeur ne perçoivent aucune lueur d’espoir pour sortir de la crise et sont convaincus qu’elle va poursuivre en l’absence de solutions efficaces.
D’après les statistiques officielles du commissariat régional au tourisme de Tozeur, la crise a atteint son apogée en 2015 (jusqu’au mois de septembre dernier), avec une baisse des entrées de 43,74 %. Le taux de recul a atteint 70 % par rapport aux indicateurs de l’année 2010, année référence pour le secteur touristique.
Malgré le début de la saison touristique hivernale, le gouvernorat de Tozeur n’a connu aucune amélioration concernant les activités touristiques. Au contraire, 16 hôtels (3, 4 et 5 étoiles) restent fermés, alors qu’un certain nombre de maisons d’hôtes et résidences touristiques non classées restent actives, ce qui a causé la perte du travail pour nombre de professionnels du secteur et dans les activités qui y sont liées.
Une situation catastrophique
Abelmalek Essabour, directeur d’une agence de voyage, a qualifié de “catastrophique” la situation du secteur dans la région malgré les nombreuses initiatives menées entre 2013 et 2014 (festivals, spectacles d’animation) dans le but d’attirer les touristes étrangers et tunisiens.
La situation de l’aéroport international de Tozeur Nefta a aggravé la crise, avec l’annulation de tous les vols internationaux et même de la ligne Tozeur-Paris, dont la reprise n’est pas encore assurée.
“Les solutions dont ont bénéficié les propriétaires d’hôtels dans d’autres régions touristiques n’ont pas été proposées à ceux de Tozeur”, a-t-il dit, appelant à la nécessité d’intervenir pour classer les dettes des hôtels fermés et les aider à rouvrir leurs portes.
Karim Rezk, artisan, a indiqué que “la problématique consiste en l’absence d’une volonté réelle pour aider les propriétaires d’hôtels dans la région”, faisant remarquer que le produit touristique de désert pourrait être exploité pour promouvoir le tourisme Tunisien dans les capitales européennes.
Il a critiqué le fait qu’il ne soit pas reconnu comme destination touristique par les plus grandes agences Tunisienne de tourisme et même par l’Office National du tourisme Tunisien et a a insisté sur la nécessité de fixer des tarifs acceptables pour les lignes internationales, de manière à inciter le touriste étranger à visiter la région.
L’artisan a, par ailleurs, évoqué la situation sécuritaire qui a eu un impact négatif sur le secteur touristique, assurant que le classement du Sud Tunisien comme zone rouge par de nombreux pays, ne reflète en rien la réalité de la région, qui connait une situation sécuritaire “stable”.
Mohamed Nasr, président de la chambre de l’artisanat, a indiqué que le projet du village artisan de la société Qatari “Eddiar” peut présenter une lueur d’espoir pour le secteur touristique de la région, appelant à cet effet à créer une cellule de crise continue au niveau régional.
De son côté, Imed Amri, activiste de la société civile, a appelé à réfléchir à des solutions radicales pour sauver le secteur touristique, à travers la réhabilitation de ce secteur sur des bases solides et le développement des moyens et méthodes de commercialisation, tout en diversifiant le produit.
Pour sa part, Mohamed Lakhdar Laajili, député a précisé que les mesures prises après l’attentat de Sousse représentent des solutions généralistes qui manquent de précision et de détails pour combler les véritables lacunes que connait le secteur .