Le terrorisme et la lutte contre le terrorisme sont devenus des éléments majeurs de la politique nationale et internationale. Les médias sont en première ligne, en particulier lors d’attentats qui ciblent les populations civiles. Les dilemmes et les défis sont immédiats.
C’est dans ce sens que l’Unesco vient de publier un manuel pour les journalistes intitulé ” les médias face au terrorisme “. Le besoin urgent d’une telle publication sur la couverture du terrorisme et de l’extrémisme violent dans les médias, lit-on dans le texte du manuel, devrait être une évidence pour tous. En de telles circonstances, les médias sont indispensables pour fournir des informations vérifiables et des opinions éclairées. Dans un contexte tendu, qui se manifeste par des populations à cran et des esprits échauffés, la fonction des médias en devient d’autant plus importante.
La relation entre le terrorisme et les médias est complexe et difficile. Dans ce qu’elle a de pire, cette relation relève de la symbiose perverse entre, d’une part, des groupes terroristes qui élaborent des spectacles de violence pour continuer d’attirer l’attention du monde et, d’autre part, des médias incités à diffuser en continu pour répondre à l’immense intérêt du public.
Le but de ce manuel (disponible en ligne sur le site de l’Unesco) est de rappeler ces constats et ces défis. Il se fonde sur des principes essentiels et universels : la recherche de la vérité, l’indépendance et le sens de la responsabilité, en les inscrivant dans le contexte complexe d’un monde pluriel et interconnecté. Son ambition est d’aider les médias à placer le curseur entre la liberté et la responsabilité d’informer, entre le droit de savoir et le devoir de protéger, dans le respect des normes et valeurs fondamentales du journalisme.
En ces temps difficiles, face à une fragmentation des audiences et aux grands défis financiers rencontrés par de nombreuses organisations des médias, les journalistes “doivent résister à la tentation de recourir au sensationnalisme dans le but d’attirer plus d’yeux, d’oreilles ou de clics”. Ils doivent, lit-on encore, “maintenir une approche globale et faire attention aux mots qu’ils utilisent, aux exemples qu’ils citent et aux images qu’ils diffusent”. Il s’agit également “d’éviter les spéculations et les accusations qui accompagnent souvent les premiers moments de confusion après une attaque, lorsque rien n’est encore sûr mais que la demande d’informations est à son paroxysme”.
Partant de telles recommandations et d’autres, le manuel, élaboré avec les contributions de journalistes, d’éditeurs et de producteurs de médias, se veut ” une ressource essentielle pour celles et ceux responsables de la couverture des événements terroristes ” et une “autoréflexion de la part des professionnels des médias quant à la façon dont ils peuvent éviter de contribuer à la stigmatisation et à la division”.
Cette publication ” peut également servir de base à la création et à la révision de codes de bonnes pratiques, afin de faire en sorte que les valeurs mentionnées s’inscrivent dans les activités quotidiennes des organisations des médias “. Ce manuel ne constitue “qu’une des étapes d’une réponse concertée de l’UNESCO à la problématique de la couverture médiatique du terrorisme et de l’extrémisme violent”. Les conseils et suggestions seront déclinés sous forme de matériels de formation pour aider les journalistes du monde entier à prendre conscience des dimensions diverses de ces questions.