La Tunisie a des chances, aujourd’hui, de pouvoir rebondir et sortir de la crise qu’elle traverse, pourvu “qu’elle prenne rapidement des mesures à même de rétablir la confiance et la stabilité sécuritaire et politique”, a estimé M. Mustapha Kamel Nabli, ex-Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT).
«Si rien n’est fait à temps, le pays risque de se trouver soit dans une situation de crise de paiements extérieurs, de finances publiques ou du secteur bancaire, a-t-il averti, au cours d’un débat organisé, jeudi soir, par l’Association des économistes tunisiens (ASECTU). Répondant à la question “quel avenir pour la Tunisie, deux ans après la révolution”, M. Nabli a indiqué que la priorité doit être accordée aux dossiers de la compensation et des salaires, en plus de la relance des “secteurs sinistrés, à l’instar du transport et du tourisme”.
Au sujet des dépenses de compensation, estimées à 4 200 millions de dinars (MD), dans le cadre du budget de l’Etat 2013, l’expert a indiqué que la solution réside en l’orientation des subventions vers les catégories défavorisées, à travers la mise en place d’un programme de subvention ciblé.
Selon l’Institut national de la statistique (INS) les pauvres bénéficient uniquement de 9,2% du total des subventions des produits de base, contre 60,5% pour la classe moyenne et 7,5% pour la classe aisée. Au vu de la flambée des cours des hydrocarbures sur les marchés internationaux, les dépenses de compensation sont appelées à croître pour atteindre 5 500 MD, en 2013, avait indiqué M. Ridha Saiidi, ministre chargé des affaires économiques.
En ce qui concerne les salaires, M. Nabli a souligné la nécessité d’aboutir à un consensus national sur la question, mettant en garde contre l’impact des augmentations salariales avec pour corollaire une croissance de la consommation, sur l’accroissement de l’inflation (5,8% février 2013) et ce, en l’absence d’une production suffisante.
«On doit gérer au mieux ces augmentations, sinon on va continuer à verser de l’huile sur le feu », a-t-il dit. Pour M. Mohamed Ben Mahmoud, expert économique, le risque de se trouver, en 2013, dans une situation de crise de paiements extérieurs et de finances publiques est écartée, par contre la Tunisie pourrait être confrontée à une crise bancaire en cette année, au vu des problèmes structurels auxquels le secteur fait face.
L’agence de notation Moody’s a revu à la baisse, le 13 Mars 2013, la note de 5 banques tunisiennes (STB, Amen Bank, BT, ATB et BIAT). Moody’s avait également abaissé, en Février 2013, la note de la BCT à Baa3 avec perspective négative et la note souveraine de la Tunisie à BB-, la classant parmi les pays à haut risque de remboursement.
Sur ce point, M. Nabli a indiqué que la baisse de la notation souveraine de la Tunisie n’a pas d’effets directs sur l’économie du pays, mais peut avoir des impacts indirects, non seulement sur le budget de l’Etat mais aussi sur le secteur privé, a-t-il anticipé.