S’il est vrai que la liberté d’expression se doit d’être respectée et âprement défendue, celle-ci ne signifie pas qu’elle ne peut avoir de limites. De nombreux faits le démontrent. Pour beaucoup moins que le film anti-islam ou encore les caricatures de Charlie Hebdo, l’hebdomadaire français Closer s’est vu interdire, le 18 septembre 2012, la diffusion et la revente des photographies de nus de la femme du prince William de Grande-Bretagne, Kate Middleton; la justice française a condamné l’hebdomadaire français pour atteinte à la vie privée et ordonné que les originaux soient remis à la famille princière britannique.
Alors que les musulmans n’ont pas encore «digéré» l’histoire du film anti-islam de Sam Bacile, révélée par les médias, le 11 septembre 2012, voilà qu’un journal français (Charlie Hebdo) publie à quelques jours d’intervalle (le 18 septembre) des caricatures du personnage le plus respecté et vénéré des musulmans: le Prophète Mohamed (SAWS).
Ces deux affaires déchirent aussi bien l’opinion publique que les hommes politiques de nombreux pays occidentaux quant à la «faisabilité» de ces deux délits. En clair: peut-on, en s’appuyant sur une prétendue liberté d’expression, insulter les religions et s’attaquer à leurs symboles?
La chose et son contraire
Ceux qui répondent par l’affirmative soutiennent qu’il n’y a pas de limites à la liberté d’expression et de presse! Ils mettent en exergue, notamment aux Etats-Unis d’Amérique, le 1er amendement de la Constitution américaine. Ce dernier interdit au Congrès des États-Unis d’“adopter des lois limitant la liberté de religion et d’expression, la liberté de la presse ou le droit à s’«assembler pacifiquement»“.
D’autres évoquent plus généralement l’article 19 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 qui stipule que: «Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontière, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit». Ils ajoutent généralement qu’il faut être «vigilant»: toute «exception faite à ce dispositif risque de préparer la voie à la censure».
Et ils n’ont pas raison. Le vécu quotidien dans de nombreux pays occidentaux montre bien qu’il est possible de faire la chose et son contraire au nom de cette liberté d’expression. En Europe, par exemple, de nombreuses personnes se sont toujours indignées en voyant, par exemple, le Pape, le père de l’Eglise catholique, sans cesse l’objet d’injures extrêmement agressives.
Faisons remarquer, à ce propos, que le grand sociologue français des médias, Francis Balle, soutient dans son célèbre ouvrage “Institutions et publics des moyens d’information“ que la «doctrine libérale de l’information» (celle qui prône le «laisser-faire») est «aux prises avec une contradiction logiquement insurmontable». Il explique: d’une part, celle-ci défend «la liberté d’information et la liberté à l’information», et, d’autre part, elle «admet que l’information constitue un service trop indispensable pour que ceux qui ont la charge de la société la livrent sans contrôle à des mécanismes sinon bloqués, du moins faussés» (Paris : Editions Montchrestien, 1973, 696 pages).
Dans son volumineux livre, Francis Balle explique comment les médias ont glissé petit à petit vers la propagande ou encore trusté le marché de la publicité à la faveur, entre autres, d’une concentration qui a porté tort a un pluralisme des idées.
Cette concentration a été l’objet, d’ailleurs, dans la plupart des pays du monde de lois qui interdisent donc, pour certains médias, de contrôler le marché de la presse ou une partie importante de celui-ci. Preuve s’il en faut que l’on peut légiférer et réglementer en matière de presse.
Des campagnes gratuites et absurdes de haine
Bien plus, la liberté de presse se trouve dans de nombreux pays limitée lorsqu’il s’agit du respect d’une éthique. Insultes, diffamation et propagation de fausses nouvelles: il est rare, notamment à ce niveau, que des lois, des réglementations ou encore des codes d’honneur ne se soient pas saisis pour mettre de l’ordre dans ce qui constitue des délits impardonnables.
Les faits nous ont démontré, le 18 septembre 2012, que pour beaucoup moins que le film anti-islam ou encore les caricatures de Charlie Hebdo, l’hebdomadaire français Closer s’est vu interdire la diffusion et la revente des photographies de nus de la femme du prince William de Grande-Bretagne, Kate Middleton; la justice française a condamné l’hebdomadaire français pour atteinte à la vie privée et ordonné que les originaux soient remis à la famille princière britannique.
Et cerise sur le gâteau, «l’article 24bis, dit «Loi Gayssot», en France, de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, sanctionne l’expression publique des discours négationnistes à savoir la négation de l’ampleur ou de la réalité du génocide juif perpétré par les Nazis pendant la 2ème Guerre mondiale» (voir «La loi Gayssot », lien – L’encyclopédie Wikipédia nous enseigne que des lois similaires existent en Allemagne et en Belgique (voir « Loi Gayssot », lien.
Ce qui nous fait dire, sans mettre en cause –loin s’en faut- le bien-fondé de cette loi encore moins la réalité des pogroms allemands qui ont tué des Juifs au cours de la 2ème Guerre mondiale et sans appeler à des actions violentes, qu’il est possible de légiférer en matière de liberté d’expression pour éviter que des peuples et des religions soient atteints par des campagnes gratuites et absurdes de haine.
Mohamed Farouk
Article publié sur WMC
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