Plusieurs obstacles entravent, aujourd’hui, la participation de la femme tunisienne à la vie politique, en dépit des perspectives ouvertes par la révolution tunisienne”, a affirmé Mme Dalenda Larguech, directrice générale du centre de recherche, d’études, de documentation et d’information sur la femme (CREDIF).
S’exprimant lors d’une conférence sur le thème “Les femmes tunisiennes et l’action politique”, organisée, vendredi au siège du CREDIF, Larguech a ajouté qu’une discrimination basée sur le genre se manifeste dans les discours politiques et religieux. Elle a relevé la faible présence de la femme au sein des deux gouvernements de la période post-révolution. “La femme tunisienne est absente, également, des postes de responsabilité des organisations syndicales en l’occurrence l’UGTT ainsi que de la majorité des partis politiques”, a-t-elle encore souligné. La faible participation de la femme à la vie politique s’explique, selon la ministre des affaires de la femme et de la famille, Sihem Badi par l’ambiance de violence et de conflit qui caractérise la scène politique.
Parmi les solutions préconisées par la ministre pour remédier à cette situation, figurent notamment, la nécessité de renforcer la confiance de la femme en ses compétences, de diffuser une culture basée sur l’égalité des genres et de changer le système patriarcal qui régit la société. La représentante des Nations Unis pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, (bureau de Tunis), Hela Sekhiri, a expliqué que nombreux facteurs rendent plus difficile la participation de la femme à la vie politique. Elle a cité, notamment, les barrières culturelles et les charges familiales et sociales de la femme. Elle a ajouté qu’une analyse des résultats des élections organisées en Tunisie après la révolution ont démontré de larges écarts entre les hommes et les femmes au niveau des listes électorales. Les recherches sur la participation de la femme tunisienne à la vie politique sont limitées, selon Amel Grami, universitaire spécialisée en lettres et civilisation arabe.
Les études effectuées ne s’adaptent pas à l’actualité sociopolitique et contribuent, de ce fait, à renforcer l’exclusion de la femme de la politique, a-t-elle ajouté. “Le contenu médiatique continue de véhiculer une image stéréotypée de la femme et parle rarement de sa contribution au développement de son pays”, a t-elle regretté. Mme Grami a présenté quelques exemples de femmes arabes qui ont marqué l’histoire de leur pays par leur courage et leur prouesse.
La femme, a-t-elle dit, a souvent fait preuve de sagesse, de bravoure et de compétence et contribué au progrès de la société bien que les historiens ont minimisé le rôle qu’elle a joué à travers l’histoire. Selsabil Kelibi, universitaire spécialisée en droit a présenté une communication sur la présence de la femme dans les instances représentatives. Elle a relevé que la femme dont la présence est faible dans la vie politique, est très active dans la société civile, expliquant cette contradiction par les difficultés qui marquent la vie politique et que la femme cherche à éviter en s’orientant vers l’action associative.