Des centaines de Tunisiens sans emploi ont manifesté lundi sur l’avenue centrale de Tunis contre le chômage et la précarité, alors que deux jeunes chômeurs venus du bassin minier (sud-ouest) tentaient de se donner la mort devant le ministère de l’Emploi, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Travail, liberté et dignité! ont scandé les manifestants reprenant un slogan phare du soulèvement qui a chassé l’ex-président Ben Ali en janvier 2011.
Les gouvernements changent, les mines restent en l’état, proclamait une banderole au nom des martyrs du chômage et de la liberté de Redeyef, ville de la région de Gafsa productrice de phosphates.
Partie de la place Mohamed Ali devant les locaux de la centrale syndicale historique (UGTT), la manifestation, encadrée par la police, s’est achevée sans incident à hauteur du ministère de l’Intérieur sur l’avenue Habib Bourguiba.
Défilant à l’appel de l’union des diplômés chômeurs, du forum tunisien des droits économiques et sociaux (altermondialistes) et d’associations de défense des martyrs et blessés de la révolution, les manifestants ont alterné chants révolutionnaires et slogans contre le gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda.
Les richesses du bassin minier dans les palais, ses enfants sous les tentes, le peuple a ras-le-bol des nouveaux Trablesi, criaient-ils comparant les nouveaux dirigeants tunisiens au clan mafieux de Leila Trablesi l’épouse honnie du président déchu Zine El Abidine Ben Ali.
Qatar reprend ton argent, le phosphate de Gafsa est la solution, lisait-on sur une autre une banderole critiquant un rapprochement inédit ces derniers mois entre la monarchie pétrolière du Golfe et les dirigeants islamistes.
Nous voulons des emplois, le travail n’est pas un privilège, rappelait un panneau entre des portraits de martyrs de la révolution.
Entre-temps, deux jeunes chômeurs du bassin minier ont tenté de se pendre devant le ministère de l’Emploi où des femmes et des hommes campent depuis 14 jours.
Abdekrim Boulahya et Kemaies Saaï venus de la localité d’Om Larayes ont été secourus et admis dans un hôpital. Leur camarade Walid Laabidi qui filmait la scène a été appréhendé par la police qui a confisqué sa caméra.
Ces manifestants contestent les résultats d’un concours d’embauche à la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), ils ont brandi samedi la menace d’un suicide collectif pour protester contre la pauvreté et le chômage qui frôle encore les 50%.
De nouveaux recrutements à la CPG se limitant à 4.000 emplois pour 28.000 chômeurs ont fait monter la tension à la veille de la fête du travail pour laquelle le gouvernement, les syndicats et l’opposition s’apprêtent à défiler en force mardi.
(Source AFP)
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Bastonnez-le, c’est un chômeur!