La 21e édition des Journées Théâtrales de Carthage (JTC) a été inaugurée, tout en sobriété, au cours d’une cérémonie officielle organisée samedi soir au théâtre de l’Opéra à la Cité de la Culture.
Le maître de cérémonie, Mourad Zeghidi, a donné un peu de gaieté à l’ambiance générale de cette soirée inaugurale des JTC ouverte dans la discrétion. Le démarrage de cette édition, organisée du 7 au 15 décembre 2019, est placé sous le signe des hommages pour les grandes figures du théâtre arabe et africain. La soirée a été aussi ponctuée par des pauses musicales interprétées par Zoheir Gouga dont un morceau intitulé “Stambeli”, en plus d’une performance signée Rabii Brahim, artiste résident en Italie.
Hatem Derbel, président des JTC a prononcé une allocution en arabe, -“poétique et lyrique” selon l’expression de Zeghidi-, de laquelle on peut retenir un rappel sur l’histoire lointaine du théâtre chez les populations anciennes de la région arabe et africaine, citant des historiens qui font état d’un nombre important d’amphithéâtres dans ces régions. Pour les quarante ans d’existence des JTC, Derbal présente un festival qui est condamné à “ne pas perdre la voix au milieu du bruit et devra repenser la question vers davantage de vérification, d’orientation dans son identité arabo-africaine et d’ouverture sur le monde”.
Le début de la soirée a été marqué par un hommage posthume à la mémoire de figures du théâtre disparues, à savoir Samir Besbes, Sonia Boukaddida, Mohamed Hedi, Mernissi, Taher Echebbeh et Mohamed Gmech.
L’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (ALECSO) a rendu un hommage à la femme de théâtre tunisienne Raja Ben Ammar (1960-2017), en lui attribuant l’écusson de l’organisation, remis par directeur général, Mohamed Ould Amar.
Une convention de partenariat signée, ce samedi, à Tunis, entre le ministère des Affaires Culturelles et l’Alecso, stipule la création d’un prix qui sera attribué à la meilleure oeuvre théâtrale en arabe. Cette nouvelle distinction qui portera le nom de l’Alesco vise notamment à encourager l’usage de la langue arabe dans les manifestations internationales. Elle permet aux gagnants de participer aux manifestations créées par cette organisation arabe d’envergure et bénéficier de ses programmes de financement.
Une série d’hommage a rendu en reconnaissance au parcours et à l’oeuvre d’une pléiade d’hommes et de femmes de théâtre arabes et africains, à savoir Nedra Omrane (Jordano-palestinienne), Odile Sankara (Burkina Faso), Ahmed Eljasmi (Emirats arabes-unis), Abdallah Saadaoui (Bahreïn), Koffi Kwahulé (Côte d’ivoire) et Mohamed Cherchal (Algérie).
De Tunisie, un hommage a été rendu à Amel Hedhili, Neji Najeh, Mohamed Taieb Shili et Mohammed Elmourali. La montée sur scène de cet acteur tunisien et grande icône du petit écran dans les années 80 a été le point fort de la Soirée. Il a eu droit à un standing ovation de la part de son public tunisien qui reconnait en lui un personnage humoristique et emblématique de la télévision et du théâtre tunisiens.
En dehors de la Cité de la Culture, ce festival annuel organisé en partenariat entre le ministère des Affaires Culturelles et l’Etablissement National pour la Promotion des Manifestations Culturelles et Artistique, a démarré par des spectacles de rue sur l’avenue Habib Bourguiba. Les représentations théâtrales ont débuté dans trois espaces du Centre ville, avec “Kaligula” de Fadhel Jaziri au 4e art, “Marché noir” d’Ali Yahiaoui au Rio et “Message de liberté” de Hafedh Khalifa au Mondial.
Le jury de la compétition officielle de cette édition présidé par le Tunisien Raouf Ben Amor, réunit Jamel Yakout (Egypte), Salah Alkasab (Iraq), Koffi Kwahulé (Côte d’Ivoire), Abdelouahed Ben Yasser (Maroc) et Kamel Allaoui (Tunisie).
Une sélection de 14 œuvres arabes et africaines est dans la Course pour le Tanit d’Or, distinction suprême des JTC, sachant que deux œuvres tunisiennes sont en compétition officielle. Cinq récompenses dotées de 95 mille dinars tunisiens seront attribuées aux Lauréats dans les catégories première œuvre, meilleure mise en scène, meilleur scénario et meilleure scénographie, meilleure interprétation féminine et meilleure interprétation masculine.
L’ambiance des JTC est évidemment différente de celle que le public a l’habitude de voir durant les JCC (Journées cinématographiques de Carthage). Loin de l’ambiance paillettes, on n’a pas déroulé le tapis rouge ni offert des navettes de luxe pour les invités, pour lesquels des bus attendaient à leur sortie de la Cité de la Culture. La philosophie sur laquelle repose ce festival coïncide avec les valeurs du théâtre comme un art et une expression qui met l’oeuvre théâtrale au coeur de ses préoccupations.