« La torture reste en vigueur en Tunisie, bien que les autorités aient pris des mesures pour rompre avec de telles pratiques ayant marqué le règne de l’ancien président Ben Ali, indique mardi un rapport d’Amnesty International.
« Cela entache les progrès réalisés ces dernières années dans le domaine des droits de l’Homme », a déploré l’organisation.
« Le gouvernement tunisien semble peu pressé de renforcer les garanties et d’adopter de nouvelles réformes visant à empêcher et à punir ces actes », a estimé l’organisation dans son rapport soumis à la commission de la lutte contre la torture relevant de l’Organisation des Nations Unies.
Selon ce rapport présenté avant l’examen du bilan de la Tunisie par le Comité des Nations unies contre la torture les 20 et 21 avril courant, Magdalena Mughrabi, directrice adjointe par intérim du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International, a averti que « les menaces croissantes auxquelles la Tunisie est confrontée en termes de sécurité ne doivent pas servir de prétexte pour revenir aux méthodes brutales du passé ».
Dans ce document, Amnesty International se dit « inquiète » de l’application par la Tunisie de la convention de la lutte contre la torture, notamment les articles 1 à 4 et 11 à 16.
Les autorités tunisiennes doivent remédier aux failles constatées dans leur bilan en matière de droits humains et veiller à ce que les allégations de torture et d’autres mauvais traitements (violences sexuelles) fassent l’objet d’enquêtes efficaces et que les responsables présumés soient traduits en justice, souligne l’organisation.
Amnesty International appelle aussi les autorités tunisiennes à mettre leur définition de la torture en conformité avec le droit international, ainsi qu’à renforcer les dispositions juridiques existantes pour améliorer le respect des droits des détenus, y compris de ceux qui sont arrêtés sur des accusations de terrorisme, lit-on dans le même document.
Il faut mettre un terme aux manœuvres de harcèlement et d’intimidation à l’encontre des suspects et de leurs familles, a recommandé Amnesty International.
Des organisations nationales et internationales dont Human Rights Watch, Amnesty International, l’Ordre national des avocats tunisiens et la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme(LTDH), récipiendaires du prix Nobel de la paix 2015, avaient présenté des rapports alternatifs au Comité des Nations Unies contre la torture.
En juillet 2011, la Tunisie a adopté le protocole facultatif de la convention de lutte contre la torture. L’adoption de ce protocole a été suivie de la mise en place par la Tunisie d’un mécanisme national de prévention de la torture pour contrôler les lieux de détention.