Créer un festival de cinéma pour l’Afrique, un rêve qui s’est concrétisé pour Tahar Cheria, en 1966, avec la création des journées cinématographiques de Carthage, qui fêtent cette année leur 25eme édition.
“A l’ombre du Baobab” est un documentaire de Mohamed Challouf, présenté au deuxième jour des JCC ouvert hier soir au théâtre municipal de Tunis.
Le documentaire, de 70 minutes, dresse le portrait du père du cinéma Tunisien, fondateur de la fédération Tunisienne des ciné-clubs, qui avait porté le projet de la création des JCC.
Ce documentaire est produit en 2014 par “Caravanes productions” avec le soutien du ministère de la Culture et l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).
Le réalisateur dont l’idée d’un film documentaire sur Cheriaa a commencé à germer en 1985, a pu rassembler les archives des JCC depuis leur création et recueillir divers témoignages auprès de cinéastes tunisiens, africains et arabes. Challouf a pu côtoyer de près Tahar Cheria en le filmant chez lui juste avant sa mort en novembre 2010.
Dans le film on voyait un Tahar Cheriaa vieilli mais le coeur toujours vif. Il cueillait des fleurs dans son jardin et parle avec sérénité de son amour pour le cinéma. Il parle aussi de ses regrets de voir une culture cinématographique affaiblie sous les deux régimes qui se sont succédé en Tunisie depuis l’indépendance. Cheriaa, né à Sayada, petit village de pêcheurs près de Mahdia, était berger et rien ne le prédisposait à devenir le symbole du cinéma africain et arabe.
Grâce à ses études, il a eu la volonté de réaliser son rêve, un festival cinématographique qui rassemble l’Afrique et le Monde arabe.
Bien que voulant jeter les bases d’une culture cinématographique propre au Continent africain, la première édition des JCC, en 1966, était dominée par les films occidentaux puisque les structures de l’Etat étaient encore sous l’emprise de la colonisation et du monopole du cinéma américain.
Le documentaire rapporte les témoignages de douze cinéastes qui parlent de leurs rencontres avec Cheriaa, dont l’Egyptien Tawfiq Saleh, le Sénégalais Ousmane Sembène, le Burkinabé Gaston Kabore et le Tunisien Férid Boughedir.
Tout au long du documentaire, le spectateur fait un voyage à l’avenue Habib Bourguiba des années 60, dans les salles de cinéma de l’époque et découvre les hôtes des premières éditions des JCC.