Des chercheurs et universitaires tunisiens ont affirmé l’urgence d’une stratégie nationale pour la recherche scientifique en Tunisie.
Pour le directeur de l’école supérieure de communications de Tunis, Mounir Frikha, le développement de la recherche est étroitement lié à la prise de décision politique qui apporte un appui à la recherche scientifique.
Il a appelé à la nécessité pour la Tunisie d’investir dans la recherche scientifique comme étant un choix stratégique permettant de mobiliser des ressources financières et d’adopter des contrats par objectifs quantitatifs et qualitatifs avec les chercheurs et les laboratoires de recherche.
M. Frikha a aussi relevé la lenteur des procédures administratives dans la gestion des centres et des unités de recherche. Il s’agit aujourd’hui, a-t-il dit, de l’une des entraves les plus importantes pour le travail des unités de recherche qui se trouvent prisonnières de textes législatifs sans aucun rapport avec la réalité de la recherche scientifique.
Il a également appelé à promouvoir le dispositif législatif et à y apporté la flexibilité nécessaire au niveau de la gestion des structures de recherche en tenant compte de leurs spécificités et de celles des chercheurs.
De son côté, Mohamed Salim Alouini, enseignant à l’Ecole d’Ingénierie Electrique à l’Université Roi Abdallah pour les Sciences et les Techniques (Arabie Saoudite), il a affirmé que l’absence de motivation des universitaires chercheurs est l’une des principales faiblesses du dispositif de la recherche scientifique en Tunisie. « Il est inacceptable que les mêmes avantages soient accordés à l’ensemble des enseignants sans tenir compte de la contribution de chacun dans la réalisation des travaux de recherche et d’encadrement des jeunes chercheurs », a-t-il dit.
M. Alouini a aussi relevé la nécessité d’octroyer aux enseignants chercheurs des indemnités matérielles et de réduire le volume horaire d’enseignement afin qu’ils soient plus disponibles pour mener des travaux de recherche.
Il a appelé à l’adoption d’une législation permettant aux chercheurs et aux directeurs de laboratoires de recherche une gestion plus souple des ressources et leur donnant la possibilité d’attirer les étudiants les plus performants vers la recherche afin que les bourses de recherche scientifique ne soient plus considérées comme « une indemnité de chômage ».
Pour Khaled Ltaïef, actuellement doyen de la Faculté d’ingénieur à l’université des sciences et technologies de Hongkong, la Tunisie recèle de compétences qui pourraient avoir un apport important à la recherche scientifique au plan international. Il a souligné les principales entraves à la recherche sont la bureaucratie et l’absence de financement.
« L’investissement dans la recherche scientifique est un investissement dans l’avenir » a encore dit M. Ltaïef appelant à l’élaboration d’un modèle de développement fondé sur l’intelligence et à la création d’un fonds spécial pour le financement de la recherche scientifique et de l’innovation à l’instar d’autres pays à travers le monde.
La marginalisation des chercheurs tunisiens a été le principal point relevé par le directeur des études à la SupCom, Mohamed Siala qui relève que les textes de loi gratifient de la même manière les chercheurs actifs et inactifs.
Il a également estimé que ces textes entravent le travail des chercheurs et des laboratoires par des procédures complexes.
Pour sa part, le secrétaire général de l’Association Tunisienne de Chimie, expert en sciences des matières, Helmi Hammi a soutenu que la défaillance du dispositif de la recherche scientifique en Tunisie est le résultat d’un manque de confiance des industriels dans la compétences des chercheurs tunisiens.
Il a relevé que le chercheur tunisien, dont les compétences sont reconnues à l’étranger se trouve contraint de passer par des laboratoires de recherche étrangers pour pouvoir valoriser les résultats de ses travaux en Tunisie.
M. Hammi a appelé, à ce propos, les industriels tunisiens à donner sa chance au chercheur tunisien et à traiter avec lui de la même manière que les chercheurs étrangers. La Tunisie dispose de compétences aptes à développer le système de production et la création de la richesse dans différents domaines à condition de mobiliser les ressources nécessaires et d’encourager les jeunes chercheurs.