Le ministre des Affaires religieuses Noureddine El Khademi a jugé que l’art. 6 dans le projet de Constitution qui interdit la criminalisation de l’accusation d’apostasie et énonce la liberté de conscience a été élaboré « hâtivement ».
« Ces notions revêtent un caractère absolu et ouvrent la voie à de nombreuses interprétations », a ajouté le ministre lors d’une réunion d’information tenue mercredi au siège du département pour déterminer la position du ministère face à la polémique soulevée par ledit article.
« Il est impératif de définir, détailler et restreindre ces terminologies par des lois organiques explicitant le texte de la Constitution fondée habituellement sur des principes généraux », a-t-il noté.
« La version actuelle dudit article va créer des problèmes au niveau juridique », a jugé El Khademi qui a dit même craindre qu’il ne menace la paix sociale. Et d’ajouter :« La liberté de conscience est une évidence, de même que la liberté de croyance et de religion mais instituer ce concept sans en fixer les contours peut ouvrir la voie à des comportements inadaptés aux valeurs sacrées du peuple Tunisien».
De son côté le président du Conseil islamique supérieur Abdallah Loucif a reproché à l’Assemblée nationale constituante d’avoir omis de consulter les experts religieux lors de l’élaboration de la Constitution.
Il a estimé que le fait de « parachuter » l’expression «interdiction des accusations d’apostasie » dans l’article 6 constitue une faute cognitive et sémiologique.
La consécration de notions comme la liberté de conscience et la criminalisation des accusations d’apostasie et leur diffusion par les tribunes médiatiques favoriseront leur évolution en pratiques qui menaceraient la stabilité de la société, a prévenu Azzouz Chaouli, du comité d’enseignement à l’Université de la Zitouna. Une déclaration commune a été distribuée à cette occasion.
Dans ce document, les intervenants lors de la rencontre se disent « étonnés » de l’exclusion des institutions religieuses officielles des concertations qui ont eu lieu à l’ANC sur ces questions.
Les signataires ont souligné que l’article 6 a été élaboré de façon « hâtive, sous la pression et dans un contexte de tension et d’exacerbation ». La liberté de conscience et de croyance ainsi que l’interdiction des accusations d’apostasie sont contraires aux attributs de l’identité arabo-islamique ainsi qu’à l’article 1 de la Constitution, ont-ils relevé.
Dans leur déclaration, les participants évoquent une incohérence au niveau de l’article 6 dans la mesure où il stipule que l’Etat s’engage à défendre la religion et le sacré, tout en interdisant les accusations d’apostasie.
Cette mouture n’est pas conforme aux principes de la Chariaa ont-ils souligné. Et d’ajouter qu’il s’agit d’un principe charaique dont la définition et l’explicitation reviennent aux parties officielles compétentes.
Ils ont appelé à la constitutionnalisation du Conseil islamique supérieur afin qu’il soit érigé en une instance de référence en matière de formulation et de définition de concepts et qui sera appelée aussi à trouver des consensus entre les différentes orientations.
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