La deuxième chambre correctionnelle du tribunal de première instance de Ben Arous a condamné le chanteur du rap, Alaaedine Yakoubi, surnommé “Oueld El 15” à deux ans de prison ferme avec exécution immédiate de la peine, pour outrage à la police.
Les plaidoiries de la défense qui compte 4 avocats, a duré plus d’une heure et s’est basée sur le fait que la qualification juridique du délit n’était pas conforme au code pénal, ce qui conduit, d’après les avocats de la défense, “à l’annulation des textes selon lesquels l’accusé est traduit en justice, à savoir “l’atteinte morale et physique à un fonctionnaire public lors de l’accomplissement de sa tâche”, surtout que, d’après eux “les insultes du rappeur s’adressent à un corps de métier dans sa totalité et qu’il n’y a pas de texte juridique qui condamne pareil forfait, contrairement à ce qui existe dans le code de la justice militaire”. La défense a, d’autre part, émis des doutes sur les procédures de l’instruction préliminaire, considérant “qu’il s’agit d’une oeuvre artistique, réalisée dans le cadre de la liberté d’opinion et d’expression”.
Le verdict est tombé face à l’étonnement des personnes qui soutiennent le rappeur et les membres de sa famille. Son père et sa soeur qui étaient, sous le choc, ont qualifié ce jugement “d’abusif”, mettant en doute “le déroulement d’une révolution en Tunisie” et affirmant avoir été battues, après avoir quitté la salle d’audience.
Les partisans de “Oueld El Quinze” ont, pour leur part, exprimé leur étonnement face à ce verdict, affirmant qu’ils s’attendaient à une peine de prison avec sursis et d’une amende. Ils avaient été évacués par la force de la salle d’audience n°2 du tribunal de première instance de Ben Arous, en scandant des slogans demandant la libération du rappeur.
Ils avaient, même, été pourchassés hors de l’enceinte du tribunal et certains parmi eux avaient subi des violences, comme l’a constaté le correspondant de l’agence TAP.
Des restrictions avaient été imposée pour l’accés à la salle d’audience, ce qui a été considéré par l’avocat, Me Fathi Trifi, “contraire au principe des séances ouvertes et des procès équitables”.
Oueld El 15 s’était présenté à l’audience en liberté, après avoir fait opposition à un jugement par contumace prononcé par le même tribunal qui l’avait condamné à deux ans de prison pour avoir lancé la vidéo-clip d’une chanson “dénigrant le corps de la police” et fui à l’étranger, avant de revenir au pays et faire opposition au verdict.
Quatre autres rappeurs, amis de Oueld El Quinze et dont les noms avaient été cités dans la vidéo avaient été jugés, le 21 mars 2013, par contumace et condamnés à deux ans de prison, alors que Sabrine Klibi et Hédi Ben Gayed Hassine avaient été condamnés à six mois de prison avec sursis pour avoir aidé à la préparation de la vidéo.
Les quatre condamnés, qui sont Khélil Baalouch, Mohamed Amine Bouhrizi, Marouane Dridi et Mohamed Achraf ont fait opposition au verdict et le tribunal de première instance de Ben Arous avait prononcé, le 26 avril 2013, un non lieu.