La délégation tunisienne qui vient de se rendre en Libye pour constater les conditions de détention de l’ancien Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi, est formelle: ce dernier “n’a jamais subi de torture, ni physique, ni morale”.
Selon les membres de cette délégation, “l’intéressé lui-même, son dossier médical et l’observation visuelle” le confirment.
La délégation dépêchée en Libye comprenait Chakib Dérouiche, représentant du ministère des Droits de l’Homme et de la justice transitionnelle, Abdessattar Ben Moussa, président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) et un certain nombre de journalistes tunisiens.
Chakib Dérouiche, chargé de mission au Cabinet du ministre des Droits de l’Homme et de la justice transitionnelle, a indiqué lors d’une conférence de presse tenue vendredi et à laquelle assistait le ministre Samir Dilou, que “les conditions de détention de Baghdadi Mahmoudi sont bonnes et répondent aux standards internationaux”.
Selon lui, Baghdadi Mahmoudi aurait confié à la délégation tunisienne qui lui a rendu visite, mercredi, “être bien traité en prison et bénéficier d’un suivi de son état de santé, étant diabétique”. L’ancien premier ministre aurait, également, indiqué partager sa cellule avec quatre co- détenus et qu’il rencontre ses proches sans obstacles, selon ses propos rapportés par Dérouiche.
Le président de la LTDH a confirmé cette version, assurant que Baghdadi Mahmoudi lui avait déclaré “n’avoir jamais été torturé, ni physiquement, ni moralement et qu’il lui avait fait part de son souhait de l’assister lors de son procès, aux côtés des avocats libyens et de quelques avocats étrangers, tout en émettant des réserves concernant certains noms”.
Selon Ben Moussa, “Baghdadi Mahmoudi n’a pas encore été jugé pour les faits d’incitation au viol, chef d’inculpation invoqué par les autorités libyenne pour réclamer son extradition par la Tunisie, mais comparaît pour d’autres affaires, notamment une affaire de détournement de fonds”.
“Au regard du droit tunisien, le jugement doit avoir lieu sur la base du chef d’inculpation au nom duquel l’extradition avait été demandée et aucun autre procès ne doit être instruit contre Baghdadi Mahmoudi sauf autorisation expresse du gouvernement tunisien”, a jouté Ben Moussa, faisant état de la “violation de l’accord d’extradition”.
Le président de la Ligue des droits de l’Homme a en outre indiqué avoir remis à Baghdadi Mahmoudi directement et sans restrictions une lettre de ses enfants.
Le gouvernement tunisien, rappelle-t-on, avait livré Baghdadi Mahmoudi aux autorités libyennes en juin dernier, sur la foi de l’engagement de ces dernières de lui garantir un procès équitable et de la promesse de ne jamais lui faire subir quelque agression que ce soit.
Cette extradition avait provoqué une vaste controverse. Récemment encore, d’aucuns avaient avancé que Mahmoudi agonisait sous l’effet de la torture. Une mission de l’ONU a rendu visite en prison à l’ancien Premier ministre, en février dernier, et démenti les rumeurs sur la détérioration de son état de santé.