Les magistrats entament à partir d’aujourd’hui une grève ouverte sur tout le territoire national et ce jusqu’à annulation de la décision de révocation des 81 juges prise de manière unilatérale par le ministre de la Justice et sans aucune considération ou concertations avec les représentants des juges que ce soit le Syndicat ou l’Association des Magistrats.
Le syndicat des magistrats accuse la constituante d’être à l’origine de la situation actuelle du secteur judiciaire en raison du retard pris dans l’adoption d’une loi portant création d’une instance supérieure indépendante de la magistrature ce qui a encouragé le ministre de la Justice à mettre en application le mécanisme de révocation des juges.
Le syndicat estime que le projet proposé par le ministère en ce qui concerne la composition de l’instance supérieure de la magistrature est contraignant et renforce la main mise du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire. “Cette composition permet au ministre de la Justice qui chapeaute l’instance d’être le décideur principal pour ce qui est de nommer et de révoquer les magistrats et sans aucun autre recours que lui même alors que le principe de la démocratie et de la justice plaide en faveur de l’élection de ses membres”.
Le Syndicat considère que le mécanisme de révocation systématique dont a usé le ministre de la Justice n’entre pas dans la logique de la justice transitionnelle et prive les magistrats qui sont des citoyens tunisiens au même titre que les autres de procès équitables. Il estime également que cette façon de faire ne permet pas au peuple tunisien de connaitre la vérité sur les magistrats qui se sont adonnés à des actes répréhensibles et contraires à la loi. Il appelle les autorités à offrir des garanties pour des jugements justes et transparents à l’encontre des magistrats qui pourraient être incriminés et à assurer le droit des prévenus ou des révoqué à la défense.
Il faut vraiment être aussi puissant que le gouvernement Ennahdha pour s’attaquer simultanément à autant de fronts à la fois, de la communauté des entrepreneurs, à celle des fonctionnaires, à celle des forces de l’ordre, pour terminer avec celle des magistrats.
Bon courage, pourvu que la Tunisie y échappe.
A.B.A
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