Le procès du Président déchu Zine El Abidine Ben Ali et de son épouse Leila Ben Ali sera ouvert, lundi 20 juin, à la Chambre criminelle près le tribunal de Première instance de Tunis, en l’absence des accusés.
Un groupe de 5 avocats commis d’office par l’Ordre national des avocats a été désigné pour les défendre et leur apporter toutes les garanties, à l’instar de tout autre tunisien, a déclaré Me Mohamed Rached Fray, Secrétaire général de l’Ordre national des Avocats à l’Agence TAP.
En réponse au communiqué rendu public, dimanche, par l’avocat libanais Akram Azouri, dans lequel le président déchu “conteste vigoureusement toutes les accusations portées contre lui”, Me Fray conseille le président déchu de retourner au pays et de faire face aux accusations portées contre lui, affirmant que la Tunisie, est aujourd’hui, après la révolution du 14 janvier, un Etat de droits et des institutions.
L’ex-président Zine El Abidine Ben Ali et ses proches doivent répondre de 93 chefs d’accusation devant les tribunaux de la capitale ainsi que les tribunaux de Sousse, Monastir, La Manouba, Gabès, Ariana, Sidi Bouzid et Gafsa.
En premier lieu, la Chambre criminelle près le tribunal de première instance de Tunis doit examiner les affaires des Palais de Sidi Dhrif et de Carthage. Les chefs d’accusation consistent en le détournement de fonds et des biens publics, ainsi que des titres et valeurs appartenant à l’Etat.
Le président déchu est accusé, également, de détention de drogue à l’usage de consommation ainsi que d’acquisition, d’importation et de trafic de stupéfiants.
Il s’agit, aussi, de l’aménagement et de l’exploitation d’un local pour le stockage et l’usage de stupéfiants, la détention d’armes et de munitions et la non déclaration de possession de pièces archéologiques.
Par ailleurs, 35 affaires ont été portées à la justice militaire. Elles concernent des accusations d’homicide avec préméditation relatives aux meurtres de manifestants pendant la révolution en plus de diverses affaires de torture et de soumission d’individus à la torture.
Le juge d’instruction militaire avait émis un mandat d’arrêt contre le président déchu et prépare un dossier pour demander à l’Arabie Saoudite son extradition conformément à la convention de Ryadh de coopération judiciaire arabe conclue en 1983.
L’ex-président, rappelle-t-on, avait fui la Tunisie le 14 janvier dernier et trouvé refuge en Arabie Saoudite, au terme de près d’un mois de protestations populaires qui avaient embrasé tout le pays depuis l’immolation par le feu du jeune vendeur ambulant Mohamed Bouazizi, le 17 décembre 2010.
Le président déchu et son épouse seront jugés, dans ce premier procès, pour des accusations relatives à la découverte d’importantes sommes d’argent, de bijoux, d’armes et de drogue dans les deux palais présidentiels de Carthage et de Sidi Dhrif.
D’autres procès seront intentés contre l’ex-président concernant des accusations de corruption, de malversation, de blanchiment d’argent et d’autres abus et dépassements.
Le gouvernement transitoire avait annoncé, au mois de mars dernier, la création d’une commission nationale de confiscation des biens de la famille de Ben Ali et de son épouse ainsi que des biens de la liste des 114 et 112 proches des deux familles Ben Ali et Trabelsi. Cette commission a répertorié 600 titres fonciers appartenant aux membres des deux familles ainsi que des sociétés, des biens financiers et immobiliers et des véhicules d’une valeur totale de plus de trois milliards de dinars. (TAP)