L’Institut tunisien de réhabilitation des survivants de la torture “NEBRAS” a pris en charge, de janvier à décembre 2015, 60 cas de torture sur un ensemble de 126 alertes reçues, a fait savoir, mercredi, le directeur de l’institut, Malek Lakhoua.
S’exprimant en marge d’une journée nationale organisée par NEBRAS, à l’occasion de la journée nationale de réhabilitation, célébrée le 9 décembre de chaque année, Lakhoua a indiqué que 91 victimes ont subi un examen médical et psychologique préliminaire.
Sur ces 91 victimes, a-t-il précisé, seulement 60 cas, dont 72% sont des hommes et 28 % des femme, ont été pris en charge par l’institut.
Lakhoua a, par ailleurs, mentionné, que les victimes bénéficiaires d’une prise en charge sont principalement issues de la région de Nabeul (32%), de Tunis et Ben Arous (31%) et d’autres régions à l’instar de Jendouba, Monastir, Bizerte et Kasserine avec un taux compris entre 1 et 3 %.
Il a, en outre, souligné que 17 % de ces victimes sont au chômage et que 51 % d’entre eux sont âgés entre 51 et 60 ans.
Lakhoua a, d’autre part, indiqué que 96 % des victimes ont été exposées à l’humiliation, à la menace (82%)et à l’agression (78 %), ajoutant, que 85% et 72 % d’entre eux souffrent, respectivement, d’anxiété et de dépression.
Le ministre de la santé, Said Aidi a, à cette occasion, souligné la nécessité de prendre en charge les victimes et les survivants des traumatismes sur le plan médical et psychologique.
Les textes de lois, a-t-il dit, demeurent insuffisants pour lutter contre la torture, appelant, dans ce sens à sensibiliser à l’importance de la santé mentale qui sera, a-t-il, parmi les priorités du ministère au cours de la prochaine période.
De son côté, Fathi Touzri, président de l’Institut Tunisien de réhabilitation a affirmé que la torture est un crime réprimé par la convention internationale contre la torture de 1984 qui a été ratifiée par la Tunisie en 1987 ainsi que par le protocole additionnel y afférent, ratifié par la Tunisie en 2011.
Ce crime, a-t-il dit, est aussi un agissement solennellement prohibé par la nouvelle constitution tunisienne, dès lors qu’il s’agit d’une des pires violations des droits de l’homme et d’une atteinte manifeste à la dignité humaine.
Selon Touzri, la responsabilité qui incombe dans ce domaine revient essentiellement aux auteurs et aux incitateurs du crime ainsi qu’à ceux qui y contribuent par leur consentement ou silence.
Dés lors que l’Etat est l’autorité qui a exercé la torture, il lui incombe d’offrir les mécanismes nécessaires et des services d’encadrement des victimes et de garantir leurs droits, a constaté le président de l’Institut Nebras, plaidant à cet égard en faveur d’un rôle actif de la société en matière de protection des victimes et des survivants de la torture.
Pour sa part, la directrice du programme à l’Institut danois contre la torture pour la région MENA, Nissen Sos, a mis l’accent sur l’importance de la coopération établie avec l’Institut “Nebras” en matière de réhabilitation des survivants de la torture, se félicitant de la réussite de ce centre à fournir les services de soins nécessaires aux victimes et à veiller à garantir leur l’intégration.
Prenant la parole, la représentante du haut commissariat des droits de l’Homme, a souligné que la lutte contre le phénomène de torture commande impérativement de mettre en place une série de mesures préventives, dont le droit du gardé à vue à se faire assister par un avocat et l’obligation de soumettre la victime de la torture à l’examen médical.