Les deux jeunes tunisiens Oussema Bouagila et Chahine Berriche, alias «Zwewla» passeront le 5 décembre 2012 devant le tribunal. Ils ont été arrêtés samedi 03 novembre, en train de dessiner des graffitis sur un mur à Gabès.
Chahine Berriche, 22 ans, vient de finir ses études à l’ISAMM (Institut Supérieur des Arts Multimédias de la Manouba). Oussema Bouagila, 25 ans, est étudiant en Master de Droits. On retrouve leur signature « Zwewla » un peu partout sur les murs de la Tunisie, taguant des slogans qui dénoncent la pauvreté.«Nous nous exprimons à travers le graffiti», nous déclare Oussema.
Samedi 3 novembre, 23h30 à Gabès, Oussema et Chahine taguaient, sur un mur pas loin de l’ISET (Institut Supérieur des Etudes Technologiques) de Gabés : «Al- Châab yourid hak ezawéli» (Le peuple veut le droit des déshérités, ndlr) et «Zawéli fi Tounes méyett hay» (le déshérité est mort-vivant en Tunisie, ndlr). «C’est alors qu’une voiture de police arrive sur les lieux et commence à tirer, raconte Chahine, nous n’avons pas pu savoir s’il s’agissait de tirs de balles ou un jet de gaz lacrymogène mais nous avons rapidement pris la fuite pour nous protéger». En prenant la fuite, les deux jeunes laissent leur moto sur place.
A 2 heures du matin de la même nuit, les «Zwewla» décident de se présenter au commissariat de police de Gabès, «Nous avons signé un procès verbal et on nous a informé que le dossier est classé», explique Chahine Berriche. Mais surprise, «le lendemain, mardi 06 novembre, nous avons été convoqués par le procureur de la république avec comme accusations : taguer sans autorisation sur les murs de bâtiments publics, violer l’état d’urgence et propager de fausses informations portant atteinte à l’ordre public». Leur procès est prévu pour le 5 décembre. Pour Zwewla, «il y a une ambigüité» entre leur libération lundi et leur convocation et accusation Mardi.
«Ce qui m’a effrayé le plus, c’est l’état de ma moto au moment de sa récupération ; presque 30 traces de coup de couteau sur la roue !» nous avoue Chahine.
L’affaire de Zwewla a rapidement circulé sur les réseaux sociaux et plusieurs personnes ont manifesté leur soutien aux deux jeunes. « Différentes organisations nous soutiennent, la section Tunisie d’Amnesty Internationale, La ligue Tunisienne des droits de l’homme, des avocats tel que Bochra Bel Hadj Hmida, Radia Nasraoui, Nasser Laouini et Riadh Farhati ainsi que des artistes tel que Bendir Man» déclare Oussema. Une pétition intitulée «Le Graffiti n’est pas un crime» a également été lancé sur le web.
Pou suivre l’évolution l’affaire de ces deux jeunes à travers la page Facebook de Zwewla.
Source : Tekiano
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