Marianne Vézina a été abasourdie lorsque, au bulletin télévisé, elle a appris le sort de son ex-mari, Riadh Ben Aïssa.
Le jeune étudiant tunisien qu’elle avait connu au début des années 80 n’avait absolument rien à voir avec l’homme d’affaires sans scrupules que décrivaient les médias, soupçonné de grande corruption et lié à l’une des pires dictatures de la planète.
«J’avais 18 ans et, quand je voulais déroger aux règles, faire la fête, il me faisait la morale. C’était un gars droit. Il avait de l’ambition, il était très motivé à faire de bons choix dans la vie.»
Mme Vézina n’a pas revu M. Ben Aïssa après leur divorce, en 1987. Malgré tout, elle parvient mal à l’imaginer dans le rôle qu’on lui attribue aujourd’hui. «J’ai l’impression qu’on l’utilise comme bouc émissaire. SNC-Lavalin est une grande firme cotée en Bourse. Elle doit mettre cette affaire sur le dos de quelqu’un pour laver sa réputation.»
Depuis que le scandale a éclaté, SNC-Lavalin tente de circonscrire les dommages en décrivant M. Ben Aïssa comme un loup solitaire qui a enfreint le code de déontologie de l’entreprise.
Mais en 27 ans de service, M. Ben Aïssa a réussi à décrocher des milliards de dollars en contrats pour SNC-Lavalin en Afrique du Nord. Un livre promotionnel consacré au centenaire de l’entreprise encense sa «force de persuasion» auprès du régime libyen, dont il a réussi à gagner la confiance dès le milieu des années 90.
Les dirigeants étaient tellement contents de lui qu’ils l’ont nommé vice-président-directeur de la division construction. À ce titre, il était le patron de 10 000 employés dans le monde.
La haute direction pouvait-elle ignorer ses façons de faire des affaires avec les dictatures d’Afrique du Nord?
Dans un courriel anonyme adressé en décembre aux membres du conseil d’administration de SNC-Lavalin, un délateur accuse les dirigeants d’avoir amplement profité des liens de Ben Aïssa avec Kadhafi «durant les années d’or et de juteux profits en provenance de Libye». Le conseil d’administration a ordonné une enquête interne en février, deux mois après avoir reçu ce courriel, qui avait aussi été envoyé aux médias.
M. Ben Aïssa semble avoir bien changé en un quart de siècle, à en croire la description d’un ex-employé tunisien. «Il donnait des ordres fermes. Si les gens n’étaient pas contents, ils devaient quitter la boîte. C’était à prendre ou à laisser. C’était un homme qui manquait d’humanité.»
Source : .Lapresse.ca
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