Le Congrès mondial des écrivains de langue française organisé les 25 et 26 septembre, a démarré, samedi, à la Cité de la Culture à Tunis.
Ce Congrès est organisé par l’association Etonnants Voyageurs, en partenariat avec le ministère des Affaires culturelles tunisien, le ministère de la Culture français, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, l’Organisation Internationale de la Francophonie et l’Institut français de Tunisie.
Il se tient à la suite de la manifestation “Etats Généraux du livre en langue française dans le monde”, en amont du Sommet de la Francophonie qui se tiendra à Djerba les 20 et 21 novembre prochains.
A l’ouverture des travaux, il y a eu une conférence intitulée “Que Signifie Ecrire en Français” à laquelle participent Laurent Gaudé, écrivain français, et Leila Slimani, écrivaine franco-marocaine et présidente du comité littéraire au Congrès mondial des écrivains de langue française.
Les difficultés organisationnelles, pour cet événement d’envergure, à cause de la pandémie du Covid-19 a été au centre de l’intervention de la présidente du jury qui a également parlé notamment de son parcours d’écrivaine et sa relation avec la langue française.
Depuis ses débuts dans l’écriture et son intérêt pour la langue française, Leila Slimani a eu un parcours assez distingué qui dit-elle l’a conduit “de l’écriture romanesque au journalisme”. Son enfance et les questions de la femme sont au coeur des romans de cette native de 1983 à Rabat.
Leila Slimani est lauréate du Prix Goncourt 2016 pour son 2ème roman “Chanson douce”, une distinction qui lui a permis d’avoir plus de visibilité dans le milieu littéraire français. Elle siège, depuis 2017, au Conseil permanent des l’Organisation internationale de la francophonie, après avoir été nommée la Représentante personnelle du président Emmanuel Macron pour la francophonie.
“L’usage du français pour les écrivains francophones non natifs constitue un vecteur de richesse linguistique et culturelle en général”, de l’avis de Slimani. Cette dernière invite les jeunes à maitriser le Français, l’Anglais, le Portugais, l’Espagnol ou toute les autres langues ce qui leur ouvrent de larges perspectives sur le monde et les cultures.
Evoquant sa génération largement “consciente de son droit à s’exprimer librement”, l’écrivaine indique ce mode de pensée diffère de celui chez “les générations ayant vécu durant l’époque du colonialisme ou de la guerre froide”. Dans ce sens, Leila Slimani cite “la critique faite aux écrivains francophones d’origine maghrébine, parfois accusés d’aborder des questions qui sont loin des véritables préoccupations de leurs concitoyens”.
Sa mission au sein de la Francophonie constitue pour l’écrivaine “un moyen à travers lequel elle essaye d’offrir de nouvelles chances pour les jeunes artistes dans les différentes spécialités dont le Cinéma, la musique, le théâtre et bien d’autres”.
Dans sa relation avec la langue de Molière, Slimani opte pour une vision plus ouverte sur l’usage du Français et son lien avec le colonialisme qui ne doit pas selon elle, “empêcher de voir les larges opportunités qu’offre la francophonie”.
Pour l’écrivain Laurent Gaudé, il est important de “réécrire l’histoire en abordant les non dits”. Cet écrivain dont les écrits sont axés sur des questions comme la migration, l’asile, les guerres et l’histoire voit en “l’écriture un moyen d’expression qui témoigne de la volonté humaine”.
Loin de prétendre le militantisme ou l’engagement, Gaudé insiste sur “la vocation humaniste de l’auteur qui doit être habité par les causes et les maux de l’Humanité où qu’elle soit.” “L’engagement social” est ce qui permet à Gaudé de revenir sur “des faits historiques dans ses écrits littéraires en vue de rendre une certaine justice pour ceux avec qui l’histoire n’était pas juste”.
Gaudé estime aussi important d’être passionné pour l’écriture, en français ou autres. A son avis, les fautes de grammaire ou de conjugaison ne doivent pas décourager l’écrivain débutant à se lancer dans l’écriture, tel était son cas à ses débuts, admet-il.
Les débats sur les problématiques du livre en langue française continuent à Cité de la Culture, entre le Théâtre de L’Opéra, le Théâtre des Régions et le Théâtre des Jeunes Créateurs. Romanciers, essayistes, poètes et auteurs francophones issus de 14 pays des cinq Continents abordent les questions de la langue, de l’identité, de l’importance du réseau francophone dans le monde et son impact positif sur chacun des pays représentés.