En cette journée internationale des personnes disparues, je souhaite inviter chacun d’entre vous à prendre un moment pour tenter d’imaginer l’inconcevable. Imaginer le tourment de personnes qui, des années ou des décennies durant, ignorent si des êtres chers sont morts ou vivants, s’ils sont en sécurité ou en danger, malades ou en bonne santé, ou s’ils parviennent à manger à leur faim.
Voilà ce qu’endurent au quotidien des dizaines de milliers de familles sur le continent africain. Les disparitions constituent indéniablement l’une des plus tragiques conséquences humanitaires à long terme des conflits armés, des situations de violence et de la migration.
La Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples, sous l’égide de l’Union africaine, vient tout juste d’adopter une résolution novatrice sur les migrants disparus en Afrique, qui montre la voie à suivre aux États d’autres régions. À travers elle, les institutions africaines reconnaissent la nécessité d’une action à la hauteur de cette tragédie et se montrent prêtes à redoubler d’efforts pour éviter aux migrants de disparaître ou d’être séparés de leurs proches, tout en renforçant le soutien apporté à leur famille.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge recensent actuellement quelque 48 000 personnes portées disparues en Afrique. Un chiffre qui ne représente qu’une fraction du nombre réel de disparitions et de l’immense crise humanitaire à laquelle nous faisons face.
Les reportages sur l’impact humanitaire des conflits et des situations de violence mettent souvent l’accent sur le nombre de personnes tuées ou déplacées. Les destructions visibles et les besoins matériels accaparent notre attention, reléguant au second plan la tragédie de ceux qui se retrouvent séparés des leurs. Pourtant, leur cauchemar continue longtemps après que les armes se sont tues et que l’attention des médias s’est détournée.
Un nombre alarmant de migrants disparaissent chaque année, en Afrique comme dans les pays de destination, au cours des dangereux voyages qu’ils entreprennent en quête de sécurité ou de meilleures perspectives économiques. Durant leur périple, il n’est pas rare que des trafiquants leur infligent des traitements atroces. Le risque de perdre le contact avec leurs proches est réel. Bien souvent, les migrants ne les appellent pas parce qu’ils n’ont pas accès à un téléphone, qu’ils ont peur ou que le coût est trop élevé.
Quelles que soient les circonstances d’une disparition, l’impact sur les familles est désastreux. Comme si leur terrible douleur ne suffisait pas, elles doivent surmonter d’innombrables difficultés administratives, juridiques et économiques.
J’appelle les États à accorder toute leur attention à trois priorités humanitaires : éviter les disparitions, faciliter la recherche et l’identification des personnes qui disparaissent malgré tout et répondre aux besoins spécifiques de leur famille.
Le CICR reste déterminé à œuvrer en faveur du maintien des liens familiaux malgré les déplacements et les migrations. De plus, il se tient prêt à fournir son expertise technique et juridique pour aider à élucider le sort des personnes disparues et à les retrouver, ainsi qu’à soutenir leur famille.