Tunisie : 35 députés signent une pétition contre la loi de réconciliation administrative

Le secrétaire général du Courant démocrate Ghazi Chaouachi a affirmé que jusqu’à mercredi soir, 35 députés ont signé une pétition contestant la constitutionnalité de la loi de réconciliation administrative votée la veille.

Dans une déclaration à l’Agence TAP, il a indiqué que le nombre des signataires est appelé à augmenter et que la pétition est ouverte à tous les blocs parlementaires.
Selon lui, la version adoptée “n’a aucun rapport avec la réconciliation”. Il s’agit, estime-t-il, d’une loi d’amnistie générale incluant les fonctionnaires et assimilés qui sont impliqués dans le pillage des richesses du pays”.

Ghazi Chaouchi a récusé les argumentations avancées par le Cabinet du président de la République selon lesquelles ce projet contribuera à renflouer le trésor public. Pour lui, la partie initiatrice du projet a confondu entre l’ancienne version qui incluait les hommes d’affaires et la version adoptée qui concerne uniquement les fonctionnaires.

Proposée par la présidence de la République et soumise au parlement depuis juillet 2015, la loi de réconciliation administrative, initialement appelée “loi de réconciliation économique et financière”, a suscité une large polémique ce qui a conduit à reporter plusieurs fois son adoption.

Le projet de loi sur la réconciliation administrative a fini par être adopté mercredi soir avec 117 voix pour, 9 voix contre et une seule abstention sur fond de tensions entre divers blocs parlementaires. Les travaux de la séance plénière consacrée au vote de cette loi ont été suspendus à plusieurs reprises.
Les députés de l’opposition (blocs démocratique et du Front Populaire) ont, depuis le démarrage de la plénière, manifesté leur attachement à l’avis consultatif préalable du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) pour faire passer le projet de loi.

Parallelement, les manifestants de la campagne contre le projet de loi “Je ne pardonnerai pas ” (Manich Msamah) se sont rassemblés devant le siège du parlement au Bardo depuis la matinée, scandant des slogans refusant la réconciliation et exigeant des actions en justice contre les corrompus. Des escarmouches se sont produites entre les manifestants et les forces de l’ordre.