La moyenne du gaspillage alimentaire de chaque famille tunisienne atteint 17 dinars par mois, soit 5% du total des dépenses alimentaires (356 dinars par mois), a révélé le directeur des études et recherches, à l’institut national de la consommation (INC), Jalel Rabeh.
Rabeh a souligné, lors d’une conférence régionale organisée par l’institut jeudi à Gammarth (banlieue nord de Tunis) sur le gaspillage alimentaire en Tunisie, que ce taux a été obtenue grâce à une étude réalisée pour la première fois par l’INC en 2016 et qui a porté sur un échantillon représentatif de 2000 familles dans différents gouvernorats de la Tunisie.
Il a précisé dans ce cadre, qu’une deuxième étude réalisée par l’INC en 2016 sur “la consommation de pain par les familles tunisiennes”, portant aussi, sur un échantillon de 2000 familles a montré qu’environ 900 mille pains sont jetés quotidiennement en Tunisie, pour un coût évalué à 300 mille dinars soit environ 100 millions de dinars chaque année.
Il a ajouté que l’INC se penche actuellement, sur la mise en place d’un programme stratégique de rationalisation de la consommation du pain.
Le directeur de l’institut, Tarek Ben Jazia, a souligné que cette rencontre est organisée en collaboration avec l’organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture “FAO” et englobe les gouvernorats du Grand Tunis, Zaghouan et Bizerte.
Elle vise à identifier les causes du gaspillage alimentaire ainsi qu’à proposer des solutions pour faire face à ce phénomène et ce avec la participation de plusieurs structures telles que les offices des oeuvres universitaires et des oeuvres scolaires en plus de la formation et la sensibilisation des agents des grandes surfaces.
Parmi ces solutions proposées, la sensibilisation des familles à l’impératif de rationaliser la consommation des denrées alimentaires, et la préparation de listes des personnes qui fréquentent les restaurants universitaires et scolaires, en mettant en place un système de réservations pour déterminer les quantités requises.
Il s’agit aussi, de réaliser des sondages d’opinion d’une manière continue, pour connaitre les besoins des élèves et étudiants, indiquant que le gaspillage alimentaire n’englobe pas les familles seulement mais concerne aussi, les restaurants universitaires et scolaires, les grandes surfaces, les hôpitaux….
Il a précisé, par ailleurs, que le gaspillage alimentaire a des conséquences négatives sur l’économie du pays et les équilibres financiers de l’Etat, ajoutant que ce dernier mobilise, annuellement, environ 400 millions de dinars (MD) pour subventionner la farine.
Ce gaspillage a, également, des effets sur l’environnement, surtout que 68% des déchets domestiques sont organiques (restes des produits alimentaires), dont 5% uniquement sont recyclés.
La directrice des Etudes, des enquêtes et des essais à l’INC, Darine Dokki, a souligné, pour sa part, qu’un nombre de pays européens, dont la France et l’Italie, ont mis en place une législation pour réduire le gaspillage des produits alimentaire, alors que d’autres pays, en l’occurrence les USA, l’Angleterre et la Chine, ont signé des chartes pour la réduction du gaspillage et ont mis à contribution les composantes de la société civile, en vue d’une sensibilisation à la gravité de ce phénomène.
D’après la responsable, cette conférence régionale, qui s’inscrit dans le cadre d’une série de rencontres que va organiser l’INC, dans les différentes régions du pays, permettra d’aider à mettre en place une stratégie nationale pour la lutte contre le phénomène du gaspillage alimentaire et de mieux comprendre ce phénomène.
Selon une étude publiée par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), le taux annuel de gaspillage alimentaire par individu est de l’ordre de 16% dans la région de l’Afrique du Nord et de l’Asie Centrale, de 34% en Europe, 31% en Asie, 39% en Amérique du Nord et 11% en Amérique Latine.