A la fin 2016, la Tunisie compte 205 partis politiques. Cependant, seulement quelques dizaines de partis restent actifs sur la scène nationale. Beaucoup de partis ont disparu alors que d’autres ont choisi d’intégrer des coalitions politiques.
Six ans après la révolution, la scène partisane reste instable et incertaine. A ce propos, plusieurs acteurs politiques ont mis en garde contre l’échec des grands partis dans la gestion des affaires publiques et ses incidences négatives sur tout le processus de transition démocratique.
Convaincus que l’administration tunisienne a été toujours le garant de la continuité de l’Etat, ces derniers estiment que l’absence de soutien partisan au gouvernement actuel constitue une menace pour la stabilité du pays.
Le professeur d’histoire et politologue Abdeljelil Bouguerra, considère qu’après le 14 janvier 2011 un grand nombre de partis politiques sans aucune base sociale ont vu le jour dans une société longtemps opprimée et qui ne s’est pas encore débarrassée de son tribalisme.
Il explique que la majorité des pays qui ont connu des systèmes despotiques ont vécu cette situation.
Projetant sur l’avenir, Bouguerra prédit un paysage politique partagé entre les libéraux (conservateurs et modernistes) et la gauche (radicale et modérée).
Pour le chercheur Adel Latifi, de grands partis ont payé les frais des dérives qu’a connues la scène politique après la révolution.
Il considère que les partis qui ont survécu ont échoué dans la gestion des affaires publiques ” nous ignorons qui gouverne et qui fait partie de l’opposition “, ce qui, selon lui, menace beaucoup le processus de la transition démocratique et compromet la légitimité de l’action gouvernementale.
” L’état est resté faible ” en l’absence du soutien partisan, mais a réussi à préserver sa continuité à la faveur des traditions de l’administration tunisienne, a-t-il conclu.
De son côté, le dirigeant de Nidaa Tounes Lazhar Akermi trouve que le processus de transition en Tunisie évolue dans un contexte régional délicat, ce qui a eu des répercussions directes sur la situation politique, financière et économique dans le pays.
Selon lui l’instabilité pourrait se poursuivre durant les cinq prochaines années. Il considère que l’amendement de la Constitution et de la loi électorale est une nécessité pressante.
Akermi propose par ailleurs d’ouvrir un dialogue ” sérieux ” avec les islamistes pour dépasser le ” choc ” des élections de 2011.
Le dirigeant Abdellatif Mekki (Ennahdha) estime, pour a part, que la bipolarisation politique est ” un phénomène sain ” tant qu’il reste loyal, citant l’exemple des USA et de l’Inde.
Selon lui, le contexte politique tunisien tend vers la maturation et la rationalisation progressive.
De son côté, le porte-parole du Front populaire Hamma Hammami considère que ” les forces politiques qui sont aujourd’hui au pouvoir n’ont aucun lien avec la révolution ”
Ces forces, a-t-il poursuivi sont incapables de s’imposer et de convaincre le peuple tunisien, resté attaché aux mêmes revendications. Les partis au pouvoir servent les intérêts d’une minorité contre qui la révolution de 2011 a éclaté, déplore Hamma Hammami.
Et d’ajouter que la coalition au pouvoir peine aujourd’hui à résoudre les dossiers sécuritaires et à asseoir les institutions démocratiques de l’Etat.