Ashley Kriel ou le Che Guevara de Cape Town, demeure un symbole dans le coeur de beaucoup de ses compatriotes qui partageaient sa cause et ses idées de combattant de la libération sud-africaine des années 80. “Action Kommandant”, premier long métrage de la jeune cinéaste indépendante Nadine Clown, est un documentaire qui dresse le portrait du jeune révolutionnaire Ashley abattu par la police mais dont la vérité sur sa mort n’a jamais été élucidée.
Ce jeune décédé à l’âge de 20 ans, est devenu une icône, même si son histoire est restée méconnue hors de son cercle serré parmi les membres de sa famille, ses amis collégiens et tous ceux qui l’ont côtoyé, de près ou de loin. Des témoignages poignants sur la vie de ce jeune de mère célibataire dont la présence dans le film est représentée par une voix qui vient de loin appelant son fils. Ses deux sœurs, ses amis et ses camarades de combat pleurent toujours l’absence prématurée d’un leader, un meneur de foules et un rassembleur autour d’une même cause: la lutte armée anti-apartheid.
Né au Bonteheuwel, à Cape Town, Ashley est un citoyen de la classe moyenne qui avait rejoint le camp “Umkhonto we sizwe”, la branche armée de l’ANC (Congrès national africain) et devenu par son charisme et ses discours mobilisateurs le symbole de toute la jeunesse résistante de son époque.
Ainsi, l’Afrique du Sud revient en compétition officielle des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) avec ce long-métrage qui dresse également le portrait d’un pays encore sous la hantise de l’Apartheid et dont les séquelles pèsent toujours sur ceux qui l’ont vécu et qui ont été confrontés à tant de haine, sacrifices et d’oppression d’un régime totalitaire.
Son compatriote Khalo Matabane avait décroché la mention spéciale du jury dans la section Documentaire des Journées cinématographiques de Carthage 2014 (JCC) pour son documentaire “Mandela: the myth and me”. Même si Matabane soulève le mythe Mandela et une Afrique du Sud post–Apartheid et Nadine Clown revient sur une période douloureuse de l’Afrique du Sud encore sous l’apartheid, les deux réalisateurs sont orientés vers la même question de l’apartheid, chacun avec sa vision personnelle quand à la réalité de l’époque.
Ce documentaire produit en 2016 revient avec un contenu toujours d’actualité que soit pour les sud-africains ou pour ceux, de par le monde, qui ont eu un sort semblable à celui d’Ashley Kriel. Son cas revoie aussi à celui de beaucoup de jeunes tunisiens morts lors des évènements de la révolution de 2011 et dont la vérité sur leur mort est restée méconnue.
Projeté lundi soir à la salle ABC à Tunis, ce documentaire en afrikaans (une langue parlée par certaines populations d’Afrique du Sud) et sous titré en Anglais, n’as pas réussi à retenir l’attention des spectateurs tunisiens, dont la plupart des jeunes, ont dû quitter la salle après un quart d’heure du début du film, avec pour alibi la langue.