Le ministre des Finances par intérim, Slim Besbes, a annoncé, mercredi au siège du département, l’intention de l’Etat de ”céder Dar Assabah pour l’inscrire de nouveau dans le secteur concurrentiel”, selon ses propos.
Dans une conférence de presse qui s’est déroulée dans un climat tendu, en présence de Mohamed Ali Chekir, président du conseil d’administration ”Karama Holding” (le groupe-mère propriétaire de l’entreprise Dar Assabah) et d’un certain nombre de journalistes de Dar Assabah, Le ministre a indiqué que le transfert de cette entreprise au profit de l’Etat s’inscrit dans le cadre de l’application de la décision de la confiscation des biens de Mohamed Sakher El Materi, gendre de l’ancien président, ce qui a permis à l’Etat de devenir propriétaire de cette entreprise (Dar Assabah) à hauteur de 80%.
Il a ajouté que Dar Assabah n’est pas la seule entreprise de presse devenue propriété de l’Etat (en partie) en vertu d’une décision de confiscation, citant à ce propos la société Cactus et les radios Ezzitouna, ShemsFM, MosaiqueFM et ExpressFM.
Il a, par ailleurs, évoqué les pertes et les dettes ”catastrophiques” dont souffre Dar Assabah, observant que cette situation ”menace de fermeture cette entreprise à cause de la détérioration de son état financier”, ce qui nécessite, selon lui, de changer le cadre administratif dirigeant, dans le cadre d’une solution juridique pour la société, de manière à permettre la poursuite de ses activités et d’honorer ses engagements notamment au niveau des dettes.
M. Besbes a ajouté qu’en assurant la cession de cette entreprise, l’Etat vise à lui garantir de nouveau son introduction dans le secteur concurrentiel, d’autant que l’Etat demeure le propriétaire provisoire et que ”l’information comme de nombreux autres domaines vitaux” compte parmi les secteurs concurrentiels susceptibles d’être cédés .
Présents à cette conférence, les journalistes de Dar Essabeh ont exprimé leur refus de la cession de leur groupe, condamnant le communiqué du conseil d’administration distribué à cette occasion car il comporterait, selon eux, « des contre-vérités », sur la situation réelle de l’entreprise.
Publié le 3 septembre 2012 dans le quotidien Echourouk, un communiqué du conseil d’administration de Dar Assabah a souligné «la situation difficile» du groupe, évoquant «un net recul en plusieurs domaines» comparativement à la même période de l’année 2011.
Il a pointé du doigt, notamment, une augmentation des frais de salaires à hauteur de 30% due, selon le communiqué, aux «recrutements anarchiques de la direction précédente».
Dans le même contexte, le syndicat de base de Dar El Anouar auquel appartient le journal Echourouk a exprimé son étonnement de la publication « sans justificatifs juridiques » du communiqué du conseil d’administration de Dar Assabeh. «Cela va à l’encontre du code de déontologie professionnelle», estime le syndicat.
Le syndicat a exprimé, dans un communiqué, son « soutien total » aux employés et journalistes de Dar Assabah, estimant que « leur combat pour l’indépendance de leur groupe et de la ligne éditoriale de ses journaux est le combat de tout le secteur».
Invitant tous les journalistes à renforcer leur cohésion autour de leurs structures syndicales, le syndicat a affirmé son refus de « toutes les formes de mainmise sur les entreprises de presse».