Le comité de défense de la fille “Meriam”, violée par deux policiers, a décidé d’interjeter appel du jugement prononcé lundi dernier dans cette affaire, estimant que le verdict était un vrai choc et une surprise, non seulement pour la victime mais aussi pour les avocats et les organisations de défense des droits de l’homme.
Radhia Nasraoui, juriste, présidente de l’association tunisienne de lutte contre la torture et membre du comité de défense de Meriam, a souligné, lors d’une conférence de presse, jeudi à Tunis, que si le verdict constitue un pas contribuant à mettre un terme à l’impunité, il reste, toutefois “très clément” malgré l’existence de preuves accablantes contre les agresseurs qui ont fait usage de violence et de menace au moment de l’exercice de leurs fonctions alors que leur devoir était de protéger les gens.
La représentante de la fédération internationale des ligues des droits de l’homme, Yosra Farouas a appelé l’Etat à demander pardon à la victime et à réviser les lois relatives aux affaires sexuelles.
Elle a ajouté que ce “verdict provocateur” favorise l’abus de pouvoir car il laisse penser que les accusés ont bénéficié de circonstances atténuantes puisque les dispositions du code pénal sont claires et condamnent sévèrement tout fonctionnaire public ou assimilé qui commet une infraction en utilisant le contraire que la loi l’autorise à exercer ou les moyens inhérents à sa fonction (article 114 du code pénal.
“Une personne reconnue coupable de viol avec violence, usage ou menace d’usage d’arme, encourt la peine de mort”, a pour sa part, indiqué, Monia Ben Jamii, professeur de droit et membre de l’association tunisienne des femmes démocrates, en faisant référence à l’article 227 du code pénal.
Elle a ajouté qu’en cas de circonstances atténuantes, le crime de viol est puni d’emprisonnement à vie et qu’il est inconcevable que les deux policiers accusés de viol se trouvent condamnés à 7 ans de prison seulement, alors que le troisième à une peine de deux ans de prison assortie d’une amende de 20 mille dinars pour corruption.
Les intervenantes ont appelé à continuer de soutenir Meriem et à lutter contre toutes les formes de violences faites aux femmes et contre l’impunité. L’affaire qui a retenu l’attention de l’opinion publique remonte au mois de septembre 2012 lorsque une jeune fille a accusé deux policiers de l’avoir violé et un troisième d’avoir pratiqué le chantage contre son fiancé qui était avec elle au moment de l’incident survenu à Gammarth, dans la banlieue nord de Tunis.
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