Selon les estimations, l’âge moyen du premier fumeur en Tunisie est d’environ 7 ans, alors que le tabagisme est responsable de 20% de l’ensemble des décès dans le pays, selon Alfa Saïdi, responsable des maladies non transmissibles et de la santé mentale au bureau de l’Organisation mondiale de la santé en Tunisie. Les craintes liées à l’augmentation de la consommation de tabac chez les jeunes et les enfants sont de plus en plus importantes, alimentées par l’émergence de nouveaux produits tels que les cigarettes électroniques et les appareils de “tabac chauffé”, qui sont devenus populaires chez ces groupes. Une étude réalisée par le ministère de la Santé en 2021 a révélé que la consommation de cigarettes électroniques chez les 15-17 ans a augmenté à 17%, tandis que la consommation de cigarettes classiques a atteint 14% dans le même groupe d’âge.
Il est à noter que la consommation de tabac est largement répandue chez les Tunisiens âgés de 15 à 17 ans, les fumeurs représentant près de 25% de cette tranche d’âge. Les craintes liées aux risques du tabagisme pour la société dans son ensemble augmentent également, alors que 18% des décès liés au tabagisme sont des victimes du tabagisme passif, selon Saïdi. Bien que les autorités aient tenté de limiter les dangers du tabagisme, notamment en signant la Convention-cadre pour la lutte antitabac en 2003, la réduction de la consommation nécessite des mesures supplémentaires de la part de toutes les parties prenantes.
En effet, la loi n°17 de 1998 relative à la prévention des dangers du tabagisme souffre de lacunes en matière d’application, selon Saïdi. Elle a ajouté que “cette loi n’interdit pas la vente aux mineurs ni la vente devant les établissements éducatifs et universitaires”, rappelant que l’Organisation mondiale de la santé a choisi de protéger les enfants et les jeunes de l’industrie du tabac comme thème de la Journée mondiale sans tabac célébrée chaque année le 31 mai. Saïdi a indiqué que le ministère de la Santé avait proposé en 2013 une initiative pour réviser la loi sur la prévention des dangers du tabagisme, soulignant cependant que la protection de la santé publique contre le tabagisme exige l’engagement de tous, y compris des parents.
Elle a souligné qu’il n’est pas logique que le comportement des individus soit tolérant avec le tabagisme, que ce soit à la maison, où se trouvent des enfants et des nourrissons, ou sur le lieu de travail.