Tunisie – Document de Carthage II : Réactions d’Ennahdha, de l’UGTT et d’Al-Moubadara suite à la suspension des concertations

Carthage, 28 mai (TAP)- Le président Béji Caïd Essebsi a décidé de suspendre les concertations sur le Document de Carthage II à “cause des divergences de vues autour du 64e point relatif au remaniement ministériel”, ont estimé lundi les parties prenantes de ce Document.

Dans une déclaration aux médias à l’issue de la réunion des présidents et secrétaires généraux des partis politiques et des organisations nationales, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Tabboubi a estimé que le différend qui persiste autour du 64e point du Document de Carthage II est derrière la suspension des concertations à ce sujet.

Rappelons que ce point concerne la question de savoir s’il touchera ou non le chef du gouvernement Youssef Chahed.

“L’organisation ouvrière respecte la décision du président de la République. Mais dans le cadre du pouvoir de décision qui lui revient, elle a sa propre vision des choses”, a lancé Tabboubi.

Et d’ajouter:” Celui qui a campé sur ses positions pour le maintien du gouvernement de Youssef Chahed doit en assumer la responsabilité et les conséquences de sa décision”. “L’UGTT n’aura plus aucun engagement”, a-t-il averti.

Pour sa part, le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi a jugé que “le différend autour du gouvernement qui aura à mettre en œuvre le programme (du Document de Carthage II) et la question du remaniement partiel ou total (du gouvernement) sont à l’origine de la suspension de la réunion”.

Ennahdha, a-t-il rappelé, a appelé à la réforme dans le cadre de la continuité du gouvernement compte tenu du fait que le changement ne sert pas l’intérêt de la Tunisie. Le pays qui vit une conjoncture délicate au vu de la situation économique et financière a besoin de réformes et non pas de faire tomber le gouvernement, a-t-il précisé.

“Tout en condamnant les attaques auxquelles font face les proches du président, Ennahdha appelle à la poursuite de la politique de consensus car le pays a besoin de consensus”, a-t-il insisté.

Pour Ennahdha et son groupe parlementaire, faire tomber le gouvernement présente une menace pour le pays dont il n’assume pas la responsabilité, a ajouté Rached Ghannouchi. Le mouvement appelle à donner une chance au gouvernement actuel pour mettre en application le programme qui a fait l’objet d’un consensus et à la lumière des indicateurs de relance économique que connaît le pays, a-t-il dit.

Il a expliqué que la “suspension de l’application du Document de Carthage ne signifie pas son annulation ou la perte de la légitimité du gouvernement Youssef Chahed”.

La légitimité du gouvernement émane du parlement et tous ceux qui veulent faire tomber le gouvernement doivent d’abord passer par le parlement, a-t-il soutenu, ajoutant que la question de changer le gouvernement ne relève pas des prérogatives des signataires du Document de Carthage.

“Si le président de la République avait souhaité changer le gouvernement, il aurait pu le faire soit en s’adressant au parlement ou en demandant la démission du gouvernement”, a-t-il encore expliqué, estimant que rien ne montrait que le chef de l’Etat avait l’intention de changer le gouvernement.

Selon Ghannouchi, “la Tunisie se prépare pour les élections législatives et présidentielle de 2019 et le fait de s’engager dans un projet de changement total éventuellement le changement du chef du gouvernement exige plus de temps dont le pays ne peut pas se permettre”.

“Le pays a besoin de stabilité et de pérennité dans le cadre d’une politique de compromis conduite par le président de la République”, a-t-il préconisé.

De son côté, Kamel Morjane, président du parti Al-Moubadara, a souligné “l’impératif de faire passer l’intérêt du pays avant les considérations personnelles et partisanes, estimant que le fait de ne pas parvenir à un consensus ne ferait qu’accentuer la division.

Morjane a dit comprendre la position du chef de l’Etat concernant la suspension des concertations autour du Document de Carthage II, affirmant que la conjoncture actuelle que vit la Tunisie et les difficultés auxquelles fait face le pays ne peuvent être résolues qu’à travers un consensus national.

Les concertations autour du Document de Carthage II ont démarré en janvier 2018. Au départ, le Document de Carthage regroupait neuf partis politiques avant le retrait de “Afek Tounes” et “Machrou Tounes”. Les partis “Echaab” et “Al-Joumhouri” n’ont plus assisté aux réunions depuis mars dernier.