Seul documentaire tunisien parmi trois fictions tunisiennes en lice dans la section des longs-métrages de la compétition officielle, “Zaineb n’aime pas la Neige” de Khaouther Ben Hania a remporté le Tanit d’Or des Journées Cinématographiques de Carthage 2016 qui lui a été remis, samedi, à la cérémonie de clôture des JCC au Palais des Congrès à Tunis, par le ministre des Affaires Culturelles, Mohamed Zine Elabidine.
Le Tanit d’Or, “plus grande distinction du festival est attribué à un film magnifique, simple et touchant”, a déclaré, Abderrahmane Sissako, président du jury du Festival et de la compétition des longs métrages. ll s’agit de la deuxième distinction féminine après celle attribuée à Moufida tlatli en 1994 pour son film “les silences du palais” et de la septième pour la Tunisie à l’occasion des JCC.
Sissako a surtout mentionné que le jury n’a finalement pu visionner que 17 œuvres films parmi les 18 films en lice pour la section des longs-métrages en compétition officielle du festival, déplorant à ce sujet le fait que “le film Burkinabé “Thom” de Ouedraogo Tahiro Tassere n’a pas été visionné par le jury, pour des raisons techniques”. “Nous constatons que cela crée forcément un déséquilibre non seulement dans un palmarès mais aussi sur l’état de la production africaine et du cinéma arabe”, a encore ajouté Sissako.
Après son premier doc-fiction “Le Challat de Tunis” en 2013, qui avait ouvert les portes du succès pour cette jeune réalisatrice, Kaouther Ben Hénia, émue, a salué “une décision audacieuse du jury qui avait choisi d’attribuer le Tanit d’Or à un documentaire, un genre et un film comme les autres et pourtant mal considérées dans les compétitions cinématographiques”, avant d’être revalorisé en l’intégrant avec les films de fiction, dans la compétition des longs-métrages des JCC.
“Je dédie ce Tanit d’Or à ma région natale Sidi Bouzid, ville où je suis née et ai vécu, et à ses jeunes, “, a-t-elle dit, après avoir remercié toute l’équipe de son film et ses parents qui ne l’avaient ont pas très encouragé dans son choix en lequel elle croyait énormément.
La Tunisie et l’Egypte en tête du Palmarès
Aux quatre sections de la compétition officielle des JCC, la Tunisie est en tête du Palmarès de cette édition anniversaire avec six prix remportés, suivie de l’Egypte qui a raflé quatre prix.
Outre le Tanit d’Or attribué à “Zaineb n’aime pas la neige”, les prix de la meilleure musique (attribué par la chaine TV 5 Monde Maghreb-Orient) et de la meilleure interprétation masculine sont revenus, respectivement, au groupe Chokr et Foued Nabba du film “Chouf” de Karim Dridi, en lice pour la section des Longs-Métrages.
Deux autres prix pour le film “The Last of Us” de Alaeddine Slim qui a remporté le Tanit d’Or de la section Première œuvre (Prix Tahar Chériaa), et le prix du meilleur cadreur attribué à Amir Messaadi. Dans cette même section de Première-oeuvre, le prix de la meilleure interprétation masculine est revenu à Majd Mastoura, dans le rôle principal de Hedi au film “Nhebbek Hedi” de Mohamed Ben Attia.
Présente cette année avec six films dans les quatre sections de la compétition officielle, l’Egypte rafle les prix du Tanit d’Argent et de la Meilleure image (pour Ahmed Jabr) pour le film “Clash” de Mohamed Diab, dans la section des Longs-métrages, en plus d’une mention spéciale, dans la section Ciné-promesse, qui revient au film “Life’s eye ” de Wafa Hussein.
La 27ème édition des JCC qui rend hommage au cinéaste égyptien disparu Youssef Chahine a été marquée par la présence d’une pléiade d’artistes du pays du Nil dont les pionniers des comédiens Ezzat El Alaili et Gamil Rateb ainsi que la jeune actrice Yosra Ellouzzi. Le grand comédien Adel Imam, invité d’honneur de la manifestation Sfax Capitale de la Culture Arabe 216, a fait son entrée à la cérémonie de clôture sous les applaudissements du public. Le directeur des JCC, Brahim Ltaief lui avait remis le Tanit d’or honorifique du festival.
Maroc, Liban et Palestine en tête des autres pays primés
Le Maroc remporte deux prix, celui de la meilleure interprétation féminine de la section des Longs-métrages, attribué, ex-aequo, à Oulaya Amamra et Deborah Lukumuena dans “Divines ” de Houda Benyamina et de la Meilleure interprétation féminine de la section Première œuvre, attribué à Fatima Harandi pour son rôle dans “Un mile dans mes chaussures” de Khallaf Said.
Idem pour la Palestine qui rafle les prix du Tanit de Bronze et du Meilleur scénario, attribués au même film “3000 Nuits” de Mai Masri, un film qui met en avant la cause palestinienne. Recevant le prix, la productrice du film a déclaré ” je dédie ce prix aux détenus palestiniens notamment ceux dans les prisons israéliennes”.
Dans cette même section, des Longs-métrages, figurait un autre film Palestinien, “Al Madia” de Omar Shargawi, dont l’approche est bien plus universelle selon le réalisateur qui le présente comme “un film sur la patiente humaine où chacun peut s’y identifier”.
Présent dans les sections Première-œuvre et des Courts-métrages, le Liban remporte, respectivement, le Prix spécial du jury pour “This Little Father obsession” de Salim Mourad et le Tanit d’Argent pour ” Silence” de Chadi Aoun.
Ce film d’animation inaugure la rentrée de la BD aux compétitions officielles des JCC – en plus du film Waves 98- a été primé, depuis sa sortie en février 2016 au Liban, et continue de rafler les prix dans différents festivals cinématographiques internationaux.
L’Algérie et la Mauritanie ont chacun remporté un prix, en l’occurrence le Tanit d’argent de la section Première œuvre pour “Maintenant ils peuvent venir” de Salem Brahimi et le prix spécial du jury pour “La rue de l’espoir ” de Mauritanien Mohamed Echkouna dans la section Carthage Ciné-promesses.
Un Palmarès de deux prix est attribué au Sénégal, pays d’Ousmane Sembene (Tanit d’or de la première édition en 66 pour son film “la noire de..” ) qui a vu naître les JCC en 1966 aux côtés de Taher Cheriaa, avec le Tanit d’Or des Courts-métrages pour “Marabout ” de Alassane Sy et le Prix spécial jury de la section des Longs-métrages pour “The Revolution won’t be televised ” de Rama Thiaw. Ce film avait remporté le prix de l’OIF dans le cadre de l’Atelier Takmil de l’édition 2014 des JCC.
Un seul prix est attribué au Rwanda qui remporte le Tanit de Bronze des Courts-métrages pour “Place for My Self” de Marie Clémentine.
Un peu loin du Continent, le Venezuela remporte le Tanit d’Or pour “The Guilt Probability ” de Michael Labarca, dans Carthage Ciné-promesses, une nouvelle section ouverte à ‘international, concrétisant ainsi la philosophie du festival qui ouvre la voie à toute œuvre au contenu distingué.