La surpopulation carcérale, principal problème des prisons en Tunisie

La surpopulation carcérale demeure le problème majeur des prisons et centres de détention préventive en Tunisie, conclu un rapport du Haut commissariat des Nations Unies pour les droits de l’Homme (HCDH).

“Cette surpopulation dépasse, parfois, 150% de la capacité d’hébergement dans certaines prisons”, précise le rapport intitulé “la situation des prisons en Tunisie entre standards internationaux et réalité”, dont les résultats ont été présentés, jeudi, au siège du ministère de la justice, des droits de l’homme et de la justice transitionnelle, par le bureau du HCDH à Tunis.

Ce taux de surpopulation est évalué à 150,6% dans la prison de Kasserine, 138,2% dans la prison de Kairouan et 115,6% dans celle de Messaadine (Sousse), indique le rapport.

“Ces taux ont été calculés sur la base du nombre de lits et de la superficie des cellules carcérales”, précise le rapport.

En effet, à la date du 25 octobre 2013, la cellule n°8 à la prison de Houareb (Kairouan), d’une superficie de 200 m2, abrite 125 détenus, soit un surplus de 75 personnes par rapport aux standards internationaux, à savoir quatre prisonniers dans une cellule de 16 m2.

Et d’ajouter, le centre de détention préventive de Mornaguia, d’une capacité de 5021 lits, accueillait 6308 détenus, à la date du 14 novembre 2013, soit une surpopulation de 25,6%.

Ce problème de surpopulation, auquel s’ajoute le manque d’aération et de lumière dans les cellules, sont des facteurs pouvant provoquer des maladies contagieuses notamment la gale et des perturbations psychiques (insomnies..) chez les détenus qui ne bénéficient que d’une ronde par jour.

“La surpopulation multiplie les risques de bagarres et de violence entre détenus et réduit la capacité des gardiens de prison à maitriser la situation”, lit-on dans le même rapport qui cite l’exemple de la prison civile du Kef ou chaque gardien de prison est responsable de 76 détenus.

Bien que la séparation entre détenus selon le sexe soit assurée dans les prisons en Tunisie, celle fondée sur la nature des délits n’est pas toujours garantie, regrettent les rapporteurs du HCDH.

Le rapport relève que, dans plusieurs cas, des personnes détenues pour la première fois sont placées dans une meme cellule avec des récidivistes et des criminels, ce qui nourrit les risques de violence et de récidive chez certains prisonniers, ajoute la même source.

Néanmoins, le rapport formule une note favorable en ce qui concerne le respect du droit des prisonniers à la nourriture, à la propreté, aux soins médicaux, à la visite des proches et à l’accès aux programmes d’éducation et de réinsertion.

Le rapport recommande de développer la législation pénale en Tunisie vers plus de garanties pour un procès équitable.

“Les résultats de ce rapport sont le fruit de deux années de travail (2011-2013) durant lesquelles des visites régulières ont été menées dans les prisons et centres de détention sous tutelle du ministère de la justice”, a rappelé le représentant du bureau du HCDH à Tunis, indiquant que trois composantes ont été prises en considération dans son élaboration, à savoir les standards internationaux en la matière, la législation tunisienne et les statistiques communiquées par la direction générale des prisons et de rééducation.

De son coté, le représentant de la direction générale des prisons et de rééducation a fait part de l’intention de sa direction de programmer des sessions de formation sur les droits et méthodes de traitement des détenus, soulignant le souci d’oeuvrer à appliquer les recommandations de ce rapport ainsi que celles issues du Congrès des Nations Unies tenu, à Genève, en 1955, sur la prévention du crime et le traitement des délinquants.

Il existe en Tunisie 6 centres de rééducation et 27 prisons dont 19 unités de détention préventive. Plus de 53% des détenus dans les prisons tunisiennes sont condamnés dans des affaires de consommation ou de trafic de drogue.

Le cadre législatif régissant le système pénitentiaire en Tunisie date de mai 2001, où une loi spécifique a été promulguée pour organiser le secteur.

Un bureau du HCDH a été inauguré officiellement en juillet 2011 à Tunis par le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, Navi Pillay.