“La dépréciation successive du dinar tunisien face à l’euro et au dollar devient de plus en plus une affaire préoccupante, d’autant plus qu’elle est accompagnée par une baisse des recettes en devises, des restrictions à l’importation, de la perte de la valeur de l’investissement et de l’aggravation de l’inflation”, a déclaré, vendredi, Walid Belhadj Amor, président du Centre tunisien de veille et intelligence économique (CTVIE).Le responsable, qui intervenait, vendredi, dans le cadre d’une table ronde sur le thème “la gouvernance du taux de change”, s’est interrogé sur le mode de gouvernance le plus approprié du taux de change pour un petit pays comme la Tunisie dans la conjoncture actuelle.
En réponse à sa requête, l’universitaire Sami Hammami a proposé l’alternative de l’ancrage du taux de change du dinar, soit l’adoption d’un taux fixe par rapport au dollar et à l’euro.
Il a rappelé que, depuis longtemps, la Tunisie a opté pour un régime de taux de change flottant, lequel suppose que la Banque centrale de Tunisie (BCT) intervienne, d’une manière discrétionnaire, à chaque fois qu’elle le juge nécessaire. D’après lui, “la bonne gouvernance du taux de change consiste à choisir le régime qui s’adapte le plus à la réalité économique du pays et à son environnement”.
Il a ajouté, à ce sujet, que “l’ancrage (taux fixe) peut servir de solution dans cette période transitoire, mais avec un inconvénient: la perte d’autonomie de la politique monétaire”.
Pour Sami Moulay, ancien chef du Centre de recherche à la BCT, la dépréciation du dinar tunisien est le résultat de l’ampleur du déficit commercial et courant qu’a connu la Tunisie après la révolution face à une appréciation de l’euro durant ces dernières années. Le conférencier a présenté, à ce débat, l’expérience du Maroc en matière de l’ancrage du dirham.
Il a indiqué, dans ce contexte, que le pays (Maroc) a mené à succès cette expérience grâce à la mise en place de mesures pionnières. Il s’agit, entre autres, de la mobilisation des ressources financières pour soutenir la parité du Dirham et aussi l’abandon du système de subvention et sa compensation par la multiplication du SMIG (salaire minimum industriel garanti) par deux.
Le directeur général de la BTK (Banque tuniso-koweïtienne), Houssein Mouelhi, estime, lui, qu’avant de parler d’une politique de change, “il faut tout d’abord élaborer une stratégie économique claire et cohérente”. Selon le responsable “le plus urgent, aujourd’hui, en Tunisie, est de mener de vrais réformes économiques structurelles, d’oeuvrer à augmenter la part du marché du pays, aussi bien sur le plan régional qu’international et de fixer des objectifs futurs dans ce sens.
“Après tous ces chantiers, on peut décider du régime de change et de la politique monétaire la plus adéquate”, a-t-il affirmé.