Les analyses d’anciens diplomates, experts et universitaires présents à la conférence de l’Association tunisienne d’études politiques sur « Les transitions arabes : études géopolitiques » tenue samedi à Tunis se sont recoupés sur un point : Dans les pays d’Afrique du nord et du Moyen-orient, le terrorisme a bel et bien tiré avantage de l’alliance de l’islam politique avec les courants islamistes radicaux. Les intervenants ont aussi admis que l’absence d’un « Etat citoyen », de même que l’expansion des activités de contrebande, l’économie parallèle et l’absence de schémas de développement dignes de ce nom peuvent contribuer dans une large mesure à la prolifération de « grave fléau » sur toute l’étendue du Moyen-Orient, de l’Afrique du nord et de la Méditerranée.
L’impact de la situation explosive en Libye sur la sécurité de toute la région méditerranéenne et du Moyen- Orient a été également souligné par les participants pour qui cette situation est une véritable « bombe à retardement capable d’exploser à tout moment tant que l’équilibre des forces fait défaut entre les courants islamistes et les partis démocratiques laïques”.
L’ancien diplomate Ahmed Ounaies explique, dans ce même ordre d’idées, que trois années après le déclenchement des révolutions du Printemps arabe et à la faveur de l’amélioration progressive de la visibilité, de nouveaux concepts, systèmes et institutions ont fait leur apparition dans les sociétés arabes et se réclament de la légitimité populaire et du pluralisme politique, syndical, sociétal et culturel mais aussi et surtout de la liberté de la presse, outre l’attachement à la pratique démocratique dans tous les domaines de la vie.
Les peuples arabes ont connu depuis 2011 « un tournant décisif de leur histoire contemporaine, marqué par le rejet de beaucoup de certitudes, idéologies et constantes antérieures, a-t-il dit, estimant toutefois « que le terrorisme ne peut nullement être perçu comme un produit purement arabe dans la mesure où plusieurs parties étrangères avaient contribué à l’alimenter ».
L’ancien ambassadeur Slaheddine Jammeli a lui aussi mis en évidence la contribution des mutations nées du Printemps arabe en Tunisie à la montée du phénomène du terrorisme, « à la faveur de l’accession au pouvoir de parti d’obédience islamiste et idéologiquement proches de l’islam radical ».