Le Roi du Maroc a eu une altercation avec Moncef Marzougui, il va repartir ce soir même lui et sa délégation ! Une information sortie, parait-il des arcanes de la présidence en Tunisie et des couloirs du ministère des Affaires étrangères, mais démentie rapidement par le Cabinet Royal et Adnene Mansar, porte parole et conseiller du provisoire qui veut durer. Un conseiller qui ne l’est pas autant puisque son patron élu seulement par 7000 voix et plébiscité par les islamistes commet erreur sur erreur pour ce qui est des prérogatives qui lui sont attribuées. Heureusement qu’il n’en a pas beaucoup.
Alors que Marzougui, terrorisé par l’évolution des choses en Egypte et en Syrie crie aux putschistes, alors que Abdelfattah Sissi et Bachar Al Assad ont été élus au suffrage universel par des dizaines de millions de personnes, le Roi Mohamed VI, se promène dans les avenues et les cités tunisiennes, sans protection apparente, se mélange à la foule et prends des photos avec des citoyens lambda. Mohamed VI qui fait de la diplomatie de haute voltige, n’est pas rentré chez lui, vexé, comme nombre de personnes s’y attendaient mais a rallongé son séjour de l’officiel au privé. Il donne ainsi au monde l’image d’une Tunisie paisible, sécurisée et nargue accompagné de l’héritier du trône non seulement ceux qui s’acharnent à démolir l’image de notre pays mais les terroristes potentiels, eux-mêmes.
Mohamed VI a fait pour la Tunisie ce que son propre Président provisoire maladivement attaché au siège de Carthage n’oserait pas faire, lui, paralysé par la peur de ses concitoyens et qui se déplace accompagné d’un important dispositif sécuritaire.
Rached El Ghannouchi, l’homme sur lequel ne s’applique pas le droit positif
Les leaders politiques des prétendument partis gagnants lors des prochaines élections n’osent pas le faire non plus. Ils ont également peur. Une peur pour leurs vies qui coûte trop cher à la nation et prive les citoyens d’un nombre important d’agents de sécurité qui devraient plutôt servir à préserver la sûreté de l’Etat. Les personnalités politiques qui évoluent sur la scène ont les moyens de se prémunir contre tout risque par leurs propres moyens. Rached El Ghannouchi circule dans un véhicule plus blindé que celui dans lequel se déplaçait Zine El Abidine Ben Ali. Un véhicule immatriculé à l’étranger alors qu’il peut ou qu’il a déjà usé de son privilège « FCR ». Est-il au dessus des lois ? Normalement tout véhicule circulant sur le territoire tunisien doit être en règle avec la législation en vigueur. Ce qui revient à dire qu’il doit avoir une immatriculation tunisienne, TN ou RS ou bénéficier d’une exonération. Or il est résident en Tunisie, cela semble être le cas. Comment, dans ce cas là un véhicule circulant avec des plaques étrangère n’a pas fait l’objet d’un contrôle ou n’a pas payé les droits dus ? Sauf s’il bénéficie d’une exception qui n’est pas légale. C’est la soustraction de l’art 99 du code pénal.
Alors que ses militants ainsi que la troïka ont dénoncé à en perdre la voix les délits d’initiés, les passe droits et la mauvaise gestion ou le mauvais usage des biens publics et ont appliqué systématiquement l’article 99 sur les anciens dignitaires de l’Etat et un grand nombre d’opérateurs privés, le Grand Rached El Ghannouchi est placé au dessus du droit positif ! Pourtant comme beaucoup d’autres de son acabit, il a les moyens de payer et de se défendre. Ces leaders politiques qui brandissent, à chaque fois, les menaces et les risques sur leurs vies. D’ailleurs, qui intenterait à leurs vies? Des ogres salafistes et djihadistes nourris et protégés par leur grande alliée absente présente la Nahdha ? Qui ne sait pas que la majorité des acteurs politiques dans notre pays sont dans le consensus ? Ils se ménagent tous entre eux et soignent leurs images les uns les autres sur les médias affichant sans aucune vergogne l’exemple du consensus tunisien. La Tunisie est plus que jamais sous l’emprise de l’islam politique et de ses artisans potentiellement terroristes, car Rached El Ghannouchi est le plus grand maitre du jeu et de la joute politique en Tunisie.
Mais les vies de ces présidents de partis vaudraient-elles plus cher que celles de nos soldats, policiers ou agents de la garde national ? Eux dont la seule raison de discorde est lequel parmi eux occupera le siège de Carthage ?
Combien de temps devrions-nous encore supporter ce leadership tiraillé par ses luttes intestines qui intervient peu ou pas dans les affaires publiques et lequel, quand il le fait, suit systématiquement des options dévastatrices. Ou bien nuit aux relations de la Tunisie avec des pays avec lesquels, elle a toujours respecté les règles de bon voisinage.
Avec Ben Ali, le peuple tunisien aurait dû balayer tous ces partis politiques zombis qui sont dans leurs structures mêmes encore plus dictatoriaux que Ben Ali. Mise à part Ahmed Ben Brahim dirigeant d’al Massar et humble patriote, les autres et principalement le PDP et Al Takattol qui n’existent pas sur le terrain, font plus de tort à la Tunisie que tous les autres partis réunis, sans parler du CPR et de ses idéologues nouveaux et anciens. Pire, les présidents des partis cités plus haut le sont depuis plus d’une vingtaine d’années espérant devenir un jour les présidents de la Tunisie. La relève n’existe pas chez eux alors de quelle démocratie parlent-ils ?
L’ambiguïté BCE
BCE, lui, entretient l’ambigüité mais personne n’ignore son attachement maladif au siège de Carthage jusqu’à l’obsession. Tous les leaders des partis opposants du temps de Ben Ali, font des appels du pied à une Nahdha qui entretient l’illusion d’un parti fort alors que les partis des frères musulmans ont été jugés inaptes à gouverner et condamnés à l’International pour leurs extrémisme et leur incompétence. BCE qui avait fait avant le 23 octobre 2011 du lobbying pour la Nahdha et a reconnu son erreur, est revenu à la charge ces derniers mois prônant de lui-même que les partis islamistes sont incontournables et défendant Rached Al Ghannouchi comme si ce dernier l’avait chargé officiellement du blanchiment de son image. Des bruits qui courent prétendraient même que lors de sa dernière « invitation » aux Emirats, on lui aurait clairement expliqué qu’il ne revient pas à lui de décider du maintien en vie de l’islam politique ou pas !
A ceux qui déploreraient le fait que les étrangers se mêlent de nos affaires internes, ou pire encore veulent piller des richesses qui n’existent que dans leurs têtes, rappelons que depuis 4 ans, nous avons ouvert grandes les portes aux Qataries, Turcs, britanniques, allemands, français et bien entendu au grand manitou américain.
Dans un pays où le déficit de leadership politique est si grand, le terrain de l’interventionnisme étranger est balisé par les prétendus patriotes.
Ces patriotes dont la seule patrie est eux-mêmes et leurs ambitions et opportunisme politiques. Dans la Tunisie d’aujourd’hui, le Roi du Maroc est plus patriote que nombre de Chefs de partis, Mehdi Jomaâ qui a osé prendre le flambeau d’un pays mis en lambeaux l’est autant. Mais il faut du courage pour oser dénoncer les uns et défendre les autres, ce qui malheureusement est devenu une denrée rare dans une patrie où la terre des ancêtres se vends et s’achète à coups de milliards de $ et où tous ceux ou celles qui s’acharnent à la défendre sont accusés d’être des vendus ! Le monde à l’envers !
Amel Belhadj Ali