Tunisie : Coût de l’eau élévé et réseaux détériorés

eauL’ensemble des périmètres irrigués se trouvent, aujourd’hui, confrontés aux mêmes problèmes de coût élevé de l’eau d’irrigation, des dettes cumulées et des équipements et réseaux vétustes d’arrosage, constate le directeur du génie rural et de l’exploitation des eaux, au ministère de l’agriculture, Saâd Seddik.

 

“Outre le fait que l’agriculture irriguée consomme plus d’eau que d’autres secteurs productifs, sa gestion est loin d’être optimale”, précise-t-il dans un entretien avec la TAP.

La Tunisie compte un total de 420 mille hectares de périmètres irrigués, dont 220 mille ha publics et 200 mille ha privés. Les périmètres publics sont gérés à 90% par les groupements hydrauliques et le reste par les commissariats régionaux au développement agricole (CRDA). Ces derniers ont une autonomie dans la gestion de l’eau et sa distribution.

“Cependant, le secteur de l’eau est, jusqu’à aujourd’hui marginalisé”, lance le responsable, rappelant que “la plupart des agriculteurs en irrigué, demeurent accablés de dettes, lesquelles sont estimées, à 35 MDT au total”.

Le directeur du génie rural estime que “le prix pratiqué pour l’eau d’irrigation, fixé à 110 millimes le mètre cube, ne correspond pas à son coût réel estimé à 250 millimes. Ce prix ajouté à un coût élevé de la main d’œœuvre, de l’énergie et de la maintenance rendent la tâche plus difficile aux agriculteurs et n’aident, guère, à résoudre leurs problèmes d’endettement”.

D’après M. Seddik, “il y a nécessité de réviser ces prix, afin de pouvoir couvrir le coût du renouvellement du réseau de l’eau d’irrigation et aider les agriculteurs à faire face aux problèmes de la vétusté des équipements et des canalisations d’eau”.

L’économie d’eau, une nécessité pour mieux gérer les périmètres irrigués

Le responsable recommande, à ce sujet, de renouveler les anciennes installations et de les remplacer par des équipements d’économie d’eau, a savoir des techniques d’irrigation moins gaspilleuses d’eau, telles que l’irrigation localisée et celle d’aspersion, sachant que sur les 420 mille ha de périmètres irrigués, 363 mille ha sont dotés d’équipements d’économie d’eau, dont beaucoup sont vétustes.

Ce problème de vétusté touche 80 mille ha de périmètres irrigués, d’après M. Seddik, sur un total de 220 mille ha. Ces zones nécessitent un renouvellement total, dont le coût pour un seul hectare peut aller de 12 à 15 mille dinars et même à 50 mille dinars dans les grands périmètres irrigués.

Selon lui «une tarification binôme peut résoudre les problèmes à condition que tous les agriculteurs adhèrent à ce choix. Il s’agit d’une tarification qui allie un premier coût fixe en dinars par ha et par an, payé quel que soit le volume d’eau exploité et un deuxième coût variable à comptabiliser en fonction du volume exploité. Le total des deux constitue le coût global à payer à l’hectare”.

Cette tarification qui est d’ores et déjà appliquée, va permettre de créer “un fond en faveur des CRDA et groupements hydrauliques pour l’entretien du réseau de distribution”.

Pour le responsable “cette tarification garantit également, un minimum d’équité entre les bénéficiaires d’un périmètre irrigué et incite les agriculteurs à intensifier davantage la production dans leurs parcelles”.

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