L’Organisation tunisienne pour les droits économiques et sociaux a révélé que l’État tunisien a contribué à l’essor des ventes d’eau embouteillée, atteignant 3 275 millions de litres en 2022, alors qu’il échoue à garantir l’accès à de l’eau potable de qualité pour ses citoyens.
Selon un rapport de l’organisation intitulé “Politique improvisée pour stopper l’épuisement des ressources en eau, licences octroyées aux entreprises d’eau embouteillée et refusées aux agriculteurs”, les ventes d’eau embouteillée ont augmenté pour atteindre 676 millions de bouteilles, plaçant la Tunisie au quatrième rang mondial en termes de consommation d’eau minérale.
Le rapport révèle également que la Tunisie occupe la dixième place en termes de qualité de l’eau parmi 178 pays, selon le site “World Population Review”. Cependant, environ 20 % de la population tunisienne est exposée à de l’eau contaminée, selon les données de l’organisation.
Il convient de noter que la première unité de production d’eau minérale embouteillée a été créée en 1963 dans le gouvernorat de Nabeul, et aujourd’hui, le nombre d’unités est passé à 30, réparties dans 13 gouvernorats.
Parmi ces unités, la région de Kairouan compte le plus grand nombre d’entreprises, avec 6, suivie de Zaghouan avec 5 et Siliana avec 4. Trois gouvernorats, Sidi Bouzid, Béja, et Médenine, hébergent 2 entreprises chacun, tandis que Sousse, Bizerte, Gafsa, Le Kef, Nabeul, et Tataouine ont chacun une entreprise d’eau embouteillée.
Le rapport souligne que malgré la croissance rapide du nombre d’entreprises d’eau embouteillée, la qualité de l’eau potable fournie par la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (SONEDE) a chuté. Cela est expliqué par la présence d’échantillons non conformes aux spécifications bactériologiques, passant de 9,9 % en 2019 à 10,1 % en 2020.
Cette détérioration de la qualité de l’eau potable en Tunisie a incité de nombreux citoyens à acheter de l’eau embouteillée, avec une moyenne de 227 litres par personne chaque année.
Le rapport souligne également les contradictions de l’État tunisien, qui encourage la rationalisation de la consommation d’eau tout en accordant des licences sans conditions aux investisseurs dans le secteur de l’eau. Cette incohérence a contribué à la crise de “l’injustice hydrique” et a ajouté un fardeau financier aux citoyens.
En fin de compte, le rapport de l’Organisation tunisienne pour les droits économiques et sociaux met en évidence la nécessité d’améliorer la qualité de l’eau potable en Tunisie et d’assurer l’accès équitable à cette ressource essentielle conformément à la Constitution du pays