Le secrétaire général du parti de l’Union Populaire Républicaine (UPR), Lotfi Mraihi, a accusé samedi le ministère de la Santé d’avoir “tenté d’induire l’opinion publique en erreur et de dissimuler une plus grande affaire de corruption dans le domaine de fabrication et de distribution des médicaments”, dont on soupçonne le laboratoire Taha Pharma d’y être impliqué.
Dans une déclaration à l’Agence TAP, Mraihi a indiqué qu’il dévoilerait davantage de détails sur l’affaire lors d’une conférence de presse, prévue pour lundi prochain.
Commentant la décision prise vendredi par le ministère de la Santé de fermer une structure étrangère après la révélation d’incohérence dans les données techniques de bioéquivalence, Mraihi a estimé que l’objectif de cette décision, était de “dissimuler une plus grande affaire de corruption”, accusant le laboratoire pharmaceutique “Taha Pharma”, l’un des trois laboratoires ayant fait l’objet d’une suspension temporaire des licences de distribution concernant 55 médicaments, d’être “impliqué dans la fabrication de médicaments non conformes aux normes”.
En réponse à Mraihi, le directeur de la promotion médicale au laboratoire “Taha Pharma”, Zied Lahiani, a déclaré à l’agence TAP que le laboratoire “n’a pas reçu de rapport de la part de l’inspection médicale, faisant état de violations”. Il a émis des interrogations sur les moyens employés par Mraihi pour obtenir le rapport de l’équipe d’inspection, “un document auquel on ne peut avoir accès que sur autorisation du procureur de la République”, a-t-il dit.
Lahiani a encore indiqué que la décision du ministère de la Santé est de nature à perturber le travail des laboratoires en question “pour une période allant d’un mois à deux mois”, jusqu’à ce qu’une nouvelle inspection devant être opérée par un laboratoire accrédité par la direction de la pharmacie et des médicaments auprès du ministère de la Santé.
Il a ajouté que cette décision est de nature “à porter préjudice à l’industrie pharmaceutique locale et à remettre en cause la crédibilité des autorités nationales” chargées du contrôle des médicaments, notant que parmi les médicaments fabriqués par le laboratoire où il exerce, “les médicaments destinés au traitement de l’hépatite virale de type B ont démontré un taux d’efficacité de 97%, selon l’Observatoire National des maladies bactériennes”, a-t-il indiqué.
Maraihi avait déclaré lors d’une interview télévisée jeudi soir sur la chaîne Nessma, qu’il avait reçu un rapport de l’inspection du ministère de la Santé qui avait effectué une visite au laboratoire “Taha Pharma” depuis février 2018, notant que ledit laboratoire a fait des déclarations concernant seulement 5 types de médicaments, tandis que le nombre de médicaments fabriqués par ce laboratoire s’élève à 31.
A cet égard, Mraihi a déclaré que le rapport d’inspection a confirmé que “les structures dudit laboratoire n’ont pas effectué de tests sur les médicaments fabriqués”, déclarant que “le laboratoire a procédé depuis 2010 à fabriquer et à distribuer des médicaments d’origine inconnue sur le marché tunisien, en l’absence des conditions minimales de contrôle au dépend de la santé des citoyens tunisiens”.
En réponse à cette accusation, Lahiani a précisé que “l’activité du laboratoire est entrée en vigueur à partir de l’année 2015″, notant que le laboratoire n’a reçu de licence pour la distribution des médicaments en Tunisie qu’à l’entame de l’année 2016”.
L’Union Populaire Républicaine (UPR), avait appelé, vendredi, la ministre de la Santé par intérim Sonia Ben Cheikh à “suspendre les activités de ce laboratoire, dans l’immédiat, à retirer ses produits des circuits de distribution et à imposer des sanctions administratives à son encontre”.